Toujours aussi coloré, riche et subtil, le jazz de Steve Turre emplit l’auditeur d’une quiétude et d’une sérénité sans égales. A la tête d’un sextette auquel se joignent, pour deux morceaux chacun, le percussionniste Kimati Dinizulu et le joueur de gong Don Coreaux, le tromboniste discret et magicien des conques marines prouve une fois encore son exceptionnel talent d’arrangeur sur dix thèmes (dont six de sa plume) aux tempi tranquilles. L’exposé des mélodies est souvent confié au violoncelle d’Akua Dixon : une idée formidable. Le son ample, grave et boisé de l’instrument n’est pas pour rien dans l’originalité de la palette sonore aux teintes patiemment sélectionnées ; avec le violon de Regina Carter, il forme un duo de cordes étonnant. Quant à la section rythmique -l’excellent Mulgrew Miller au piano, Lewis Nash à la batterie, Buster Williams à la basse-, elle se coule avec bonheur dans l’atmosphère exotique, unique, puissante et rassérénante que crée le tromboniste. Moine farceur et maître incontesté de l’alliage des sons, des textures, de l’alchimie de timbres et des couleurs, il cueille pour nous une Lotus flower aux parfums délicats (The fragance of love…) et aux vertus thérapeutiques probables.
1) The lotus flower (Steve Turre) – 2) Charman of the board (Steve Turre) – 3) The inflated tear (Rahsaan Roland Kirk) – 4) The organ grinder (Woddy Shaw) – 5) Passion for peace (Steve Turre) – 6) Sposin’ (Paul Denniker, Andy Razaf) – 7) The fragance of love (Steve Turre) – 8) Blackfoot (Steve Turre) – 9) Goodbye (Gordon Jenkins) – 10) Shorty (Steve Turre)
Steve Turre (tb, conques), Regina Carter (vln), Akua Dixon (cello), Mulgrew Miller (p), Buster Williams (b), Lewis Nash (dm), Kimati Dinizulu (perc, djimbe), Don Coreaux (gong)
Enregistré les 28 et 29 décembre 1997 à New York