Scritch scroutch krriiiiiiiiiiiiik scraaaaatch ! Mais qui se souvient encore de Scratch Pet Land, duo belge qui sauvait il y a quelques années la compilation Sourcelab 3 de l’ennui absolu avec une perle dadaïste de bricolage electroacoustico rigolo ? Plus personne en France, mais leurs efforts de menuiserie intempestifs ne sont pas tombés dans l’oreille de sourds et leur paquet envoyé à tout hasard à Cologne chez Frank Dommert et Mouse On Mars est arrivé à bon port. L’année dernière, Dat Politics de Lille nous bluffait en signant sur A-Musik. Aujourd’hui, Scratch Pet Land signe donc sur Sonig et impressionne tout autant. Mais que se passe-t-il donc dans le Nord ? C’est à croire que personne en France ne voulait prêter l’oreille. Trop de préjugés ?

Scratch Pet Land pourtant n’a pas à rougir devant l’inventivité conceptuelle, sonique ou structurelle de la famille allemande. La formule unique du duo, faite de télescopages acoustiques filtrés puis redécoupés de manière informatique (?), fonctionne à merveille. Elle nous invite même à nous interroger sur la nature musicale des sons et des mélodies ici offertes. Mrmime, en ouverture, présente un melodica lo-fi mêlé à des rythmes de baudruche tellement filtrés qu’ils ressemblent à des bleeps électroniques ; Mhz instr ensuite est un pur bonheur de musique concrète : une cassette retraitée dans un sampleur ; Mika hik drum kit, malgré le nom, n’est pas un solo de batterie, mais une merveilleuse comptine où une mélodie paisible se confronte à des cracks intempestifs et à des couinements d’animaux haletants et parsemés en de brefs soubresauts rythmiques ; Escargots couleurs ressemble énormément aux chansons charcutées de Tortoise époque Millions now living… Et ainsi de suite…

Solo Soliii iiiii installe doucement son univers minimal et maximaliste à la fois, en explorant tous les recoins possibles et imaginables de petits modules électriques ou électroniques plus ou moins bien branchés, alors que la post-production (montage, découpages, superpositions…) fait ressortir les heurts, les textures et les rythmes. Les mélodies ultratonales (très réminiscentes de Dat Politics, tiens tiens…) font ressortir toute la tendre poésie de ces sons finalement tout ce qu’il y a de plus domestiques et apprivoisables. Le télescopage analogique/numérique fait réellement merveille, et on se réjouit de voir ce duo reprendre à son compte les expérimentations de Mouse On Mars, dont le sens de la mélodie semble avoir réellement marqué le duo belge, ou plus encore le projet de St Werner en solo, Lithops. Là où l’on retrouve le même plaisir ludique, et où les sons électroniques sont tellement travaillés qu’ils finissent par en devenir plus humains. A la fois élèves appliqués et cancres, frondeurs, Scratch Pet Land nous offre un disque finalement unique en tout point, un objet rare et caractériel, à l’honnêteté désarmante.