Sortir une compilation après seulement quatre albums et un EP sur des labels aussi confidentiels qu’A-Musik ou Gefriem peut a priori paraître une idée saugrenue. Ce serait pourtant se tromper sur l’intention de l’allemand Jo Zimmermann dont la démarche n’est ici pas de nature synthétique ni archiviste. Il s’agit tout simplement d’une sélection humble et sobre de travaux visant à présenter son art au plus grand nombre via un nouveau label plus puissant et plus répandu, Domino. Adeptes et fans de Schlammpeitziger, passez votre chemin, il n’y a rien de nouveau à se mettre sous la dent. Curieux de tous bords , voici l’opportunité rêvée de découvrir la musique unique d’un musicien passionnant.

Ces « chansons simple(ttes) rassemblées d’un passé temporaire » constituent donc un court panorama sur le passé avant un nouvel album en grandes pompes sur Domino début 2002. On y retrouve quelques sommets de Freundlichbaracudamelodiedgut, de Spacerockmoutainrutschquartier et du récent Augenwischaldmoppgeflöte (ouf!), tous trois parus sur le culte A-Musik. La sélection à proprement parler se concentre plus sur les moments les plus subtils, ambient et introspectifs de ces trois disques, que sur les morceaux plus rentre-dedans et un peu crétins qui ont fait la réputation de notre maître ès casio. Zimmermann évolue en effet dans un registre musical troublant et un peu attardé qui télescope trente ans de musique allemande synthétique en d’émouvantes escapades rétro-futuristes trop lo-fi et personnelles pour être associées à un quelconque revival electropop.

Contrairement à tant de musiciens qui singent à la perfection la musique du passé, Zimmermann en récupère seulement certains éléments pour se les approprier complètement. Sa musique vogue dans un territoire incertain, entre les Résidents, Cluster, Klaus Schulze et l’électronique de ses amis FX Randomiz ou Mouse on Mars, bien qu’il tourne complètement le dos à l’attirail hi-tech de ces derniers. Zimmermann est bien trop obsédé par les poissons et les titres à rallonge, pour se préoccuper de l’habillage de ses chansons.

Construite sur un sampler de fortune, la musique de Schlammpeitziger pourrait être celle d’un Brian Wilson reclus au fin fond du Tyrol, bricolant des chansons pour les jouer le samedi soir aux gens de son village. Loin de toute hype et de décalage volontaire, l’allemand cultive avec délice le lyrisme de sa propre naïveté, un talent qui possède résolument quelque chose de sauvage et d’involontaire.