Depuis 2007 et ses premiers pas sur Tigersushi, le duo lillois composé de Jeremy Duval et Guillaume Grosso trimballe ses synthés analogiques et ses reliquats kosmich, devenus quelque peu encombrants au fil des ans. Bien décidé à ne pas marcher dans les pas tout tracés de Zombi ou d’Umberto, Principles Of Geometry a cette fois préféré mettre à distance ses figures tutélaires (Carpenter, Drexciya, Boards of Canada et tutti quanti) et son cahier des charges attenant. Pour contourner cet écueil, le groupe a mis en place un univers où les photos sylvestres de Justine Kurland et les rappeurs indés (Subtitle d’Anticon en 2012, Vast Aire de Cannibal Ox en 2007) façonnent l’image d’un projet « à formule variable », comme il le confiait à Gonzaï en 2012.

Alpha d’un tryptique entamé avec Lazare, Meanstream est le fruit d’une inspiration soudaine et spontanée, d’une envie si pressante de composition qu’elle pousse le groupe à repousser la tournée de Burn The Land, Boil The Ocean paru en 2012. Un revirement qui débouche aujourd’hui sur ce quatrième album, toujours abrité par le label de Joakim.

 Meanstream est leur album le plus versé dans le format pop, où le chant est omniprésent. Résolu à faire un usage proéminent de la voix, le duo se risque à chanter pour la première fois sur Runner  et se répand en onomatopées sur Suntunnel . Pour la collaboration de marque, ils ont fait appel aux Alessi Brothers, célèbre duo eighties aux 8 millions d’albums vendu, dont le titre Savin’ The Day est à jamais associé à l’inoxydable B.O. de Ghostbusters.

 

La contribution de ces icônes désuètes, figées dans le fantasme d’une période révolue, est sans doute la plus pertinente idée du disque. Réinterprétant leur passé, les deux frères jumeaux font des vocalises comme en 1982 quand ils alternaient one-hit wonder et collaboration avec Garfunkel. Les morceaux Streamsters, Videostore, Polysex sont autant de tentatives pour ranimer un passé glorieux, armé à cet effet de sonorités synth-pop Midi qui se font l’écho touchant de leur époque.


Convaincant dans ses moment les plus pop, Meanstream l’est en revanche nettement moins quand il retourne vers l’affiliation krautrock, qu’on retrouvait déjà sur leurs deux derniers albums. Lonnie et Roanoke sont ainsi des morceaux laissés pour compte, coincé dans un entre deux qui oscille entre velléités dark electro et rétrofuturisme un rien convenu. Coincé dans cette faille irrésoluble, Principles Of Geometry a l’air de ne plus savoir à quel synthé se vouer.