Ce disque est destiné à atterrir dans les bacs des soldeurs et à y terminer sa carrière. Pourquoi ? Parce qu’il est nul. Mais nous allons quand même en parler parce que Pitchshifter est un groupe qui a sorti de bons petits disques efficaces sur Earache (Submit en 1991 et Desensitized en 1993, notamment). Malheureusement, déjà en 1996, avec Infotainment, on sentait une baisse de tension. Avec ce calamiteux www.pitchshifter.com, c’est la fin des haricots. Comment ont-ils pu passer du genre lourd, puissant et torturé de leurs débuts à cette version ridicule et à ce point aseptisée de métal, sorte de  » métal light  » et sans goût ? Même au plus fort de leur rage (contre la machine ? Si seulement !), ils sont ridicules tellement ils ne croient pas à ce qu’ils font – et n’arrivent pas à nous y faire croire. Sans compter cette bouffonnerie de pseudo-fascination pour internet et la  » cyber-culture  » ! Il ne suffit pas de mettre à dispo des samples gratuits sur internet et de rajouter deux ou trois petits bruitages dans des morceaux punk-metal encore plus nuls que ceux de Therapy (il faut le faire) pour faire  » cyber  » et parler de la modernité.

Comment peut-on appeler un disque du nom de son propre site ? How subversive ! N’ont-ils donc rien trouvé de mieux pour leur premier album sur une major ? Décidément, certains groupes ne sont pas faits pour les gros moyens : ça les tue définitivement, et encore plus vite si le groupe est bête et n’a rien à dire…Ne parlons même pas des rythmiques jungle utilisées (déjà démodées en 1991) qui enlèvent toute puissance aux morceaux. Alors bien sûr, il y a un ou deux titres à sauver : W.y.s.i.w.y.g, qui rappelle ce que le groupe aurait pu être : un mix malsain de Fudge Tunnel et de Helmet (si les guitares étaient à la hauteur), ou encore I don’t like it qui fait penser à Fugazi. À part ça, désolé, boys, mais Ministry est déjà passé par là, et, depuis les Deftones ont apporté du sang neuf. Pour finir, un grand bravo au concepteur de la pochette : c’est certainement la plus laide, la plus nulle et la plus inoffensive (sous couvert de provoc’, évidemment) qu’on ait jamais vue, pathétique parodie d’un label comme Amphétamine Reptile. Gachis total : on ne perdra pas plus de temps avec eux…