Il y a quasiment vingt ans, le 25 octobre 1979, Pierre Henry créait La Dixième Symphonie de Beethoven à la Beethovenhalle de Bonn, RFA. Non pas qu’il avait retrouvé quelques ébauches de partitions laissées par le vieux Ludwig van. Le but était alors tout autre : il s’agissait de déconstruire les neuf chefs-d’oeuvre de l’Allemand afin de les mieux reconstruire en un dixième pièce tel qu’aurait pu le composer Ludwig lui-même. Pierre Henry se heurta sans doute à quelques immenses difficultés. Ainsi la question de la correspondance des tonalités : ut Majeur (Première), ré Majeur (Deuxième), mi bémol Majeur (l’Héroïque), si bémol Majeur (Quatrième), ut mineur (les célèbres pom pom pom pom de la Cinquième), fa Majeur (la Pastorale), la Majeur (Septième), fa Majeur (Huitième), ré mineur (Neuvième avec choeur sur l’Ode à la joie de Schiller), mais aussi celles des tempi et des rythmes.
On ne peut pas dire que Pierre Henry nous avait convaincu avec cette aventure-là. La déstructuration était bien présente, à défaut malheureusement de la création d’une véritable nouvelle oeuvre qui devait se tenir et jouir de sa parfaite unicité. Sans doute conscient des limites de ce travail, notre (grand-)père de la techno s’est attelé cette fois-ci à une refondation quasi complète de sa propre pièce. La réactualisation ne va pas seulement dans un sens et la richesse rythmique qu’apportent les boucles de boîtes électroniques se marie maintenant à merveille avec les sons concrets élaborés il y a vingt ans et nettoyés pour l’occasion.
Une belle occasion était d’ailleurs offerte le 30 novembre dernier au jeune public de découvrir en leur temple (rien moins que La Cigale à Paris) la merveilleuse absence de spectacle d’un concert de musique concrète puisque Pierre Henry donnait en première parisienne ce remix tout à fait dans le coup !