Les Tibétains et leur Dalaï Lama sont les nouvelles stars d’Hollywood. Combien de films, de livres et d’albums de soutien depuis la médiatisation de leur oppression ? Kundun, le dernier film de Martin Scorcese qui sort bientôt, est accompagné par les ostinati de Philip Glass, jamais à court de bons plans pour placer sa musique répétitive au bon endroit et au bon moment. Après un travail de développement symphonique à partir des thèmes expérimentaux de Brian Eno et David Bowie, qui, il faut bien le dire, nous avait laissés sur notre faim malgré un orchestre gargantuesque, le spécialiste des cellules courtes s’est, cette fois-ci, frotté au collage de plages de une minute trente à quatre minutes en moyenne pour être totalement en phase avec les scènes montées par Scorcese.
Et l’on est plutôt agréablement surpris tant Philip Glass semble encore bénéficier de cette facilité à créer un thème serti de ses fameuses cellules rythmiques pour chaque plage de cette bande originale de film qui semble bien s’accommoder du folklore tibétain, entre tournoiements et unisson. D’autant que l’orchestration repose sur les instruments traditionnels tibétains, à savoir des cuivres, des cymbales et les bois habituels, ici tous dirigés avec une précision métronomique par Michael Riesman, présent, une nouvelle fois chez Glass, à la baguette mais aussi derrière les claviers synthétiques tournoyants de ces cellules.

Alors que nous ne cachons pas notre impatience à attendre la prochaine oeuvre de Scorcese, nous pouvons d’ores et déjà nous plonger dans l’ambiance empreinte de religiosité de ces dix-huit courtes pièces qui nous emmènent loin vers les montagnes tibétaines privées de liberté, placées sous le joug totalitaire des communistes chinois.