Les âmes sensibles qui n’ont jamais surmonté le choc provoqué par la vision des ébats amoureux vidéo-clippesques de Madonna ou la grande gueule de Courtney Love feraient mieux de passer leur chemin. Peaches n’est pas pour eux. Et le pire c’est qu’elle n’en a rien à battre. Peaches fait de la musique avant tout pour elle-même afin d’exprimer son trop-plein de libido rampante débordant dans toutes ses paroles et sur sa musique en un fatras électronico-bruitiste corrosif et crasseux au possible. Entièrement réalisé à la boom box dans la plus pure tradition punk du bricolé maison, The Teaches of Peaches pulse et cogne aux oreilles les notions de mélodies et d’arrangements étant ici dépassées. Les rythmes soulignent les états d’âme de Miss Peaches qui revendique bien fort son statut de salope puisque c’est le terme supposé décrire une femme osant aborder le sujet du sexe de manière directe. Ajoutant de la texture aux lignes électroniques crues et basiques qui défilent derrière elle sa voix passe du ton de petite fille coquine à celui de la dominatrice sûre d’elle.

Alors provocation pure ou sincérité ? Les deux habilement dosées. Peaches aime s’envoyer en l’air comme l’attestent des titres tels que Fuck the pain away ou Set it off. Et le faire sous le nez du public c’est encore meilleur un aphrodisiaque supplémentaire pour une nympho qui n’en a pas besoin. Si en plus elle parvient à scandaliser des pudibonds ou à faire dire à ceux qui ne veulent pas passer pour tel que son déballage d’histoires de fesses est gratuit… En attendant Peaches amène un souffle d’air presque frais une brise de politiquement incorrect qui nous rappelle que le rock et ses sous-divisions sont avant tout de la musique à baiser. On pourra toujours essayer avec en fond sonore Lovertits AaXxx ou quelques autres joyaux présents ici. Et on guettera la suite des aventures de cette trentenaire Canadienne dévergondée qui associée à Gonzales promet de sévir encore dans un futur proche. Si les ligues de vertu ne la crucifient pas.