S’il n’est pas fréquent de découvrir en jazz le son du violoncelle (encore que des musiciens comme Vincent Segal, Jean-Charles Capon ou Vincent Courtois, Ernst Reijseger ou Akua Dixon à l’étranger aient beaucoup contribué à sa visibilité), il l’est encore moins d’entendre celui du violon alto : c’est pourtant le choix qu’a fait Olivier Calmel en confiant à Frédéric Eymard (ancien partenaire de Didier Lockwood et de Pierre Blanchard) un poste stratégique au sein d’un quartet de très haute volée, récemment récompensé au Tremplin du Festival de Jazz d’Avon. Sur un répertoire de compositions personnelles qui jouent la carte de la ligne claire et des rythmes ensoleillées (échos de biguine, parfums méditerranéens, souvenirs tango), le leader et ses acolytes (Jean Wellers ou Bruno Schorp, basse ; Karl Jannuska ou Fabrice Dupé, batterie, Mamour Seck, percussions ; Luiz de Aquino, guitare) proposent une musique extrêmement élégante, d’une simplicité et d’une évidence qui ne va pas sans rappeler parfois l’Azur Quintet d’Henri Texier ou, plus proche sans doute, les albums du contrebassiste Christian Brazier. Un savoureux clin d’oeil au Watermelon man de Herbie Hancock, version Headhunters (ostinato kitsch interprété au violon alto, batterie binaire et Fender Rhodes en folie) fait office de pivot et introduit à une partie plus volontiers funky, occasion de vérifier que le leader n’est pas moins à l’aise au Fender qu’au piano acoustique (King Luis’ song, délicieuse composition « à la Hancock » dans laquelle le violon s’intègre à merveille) ; une version solo du deuxième mouvement de la Sonate pour deux pianos composée par Calmel fait office de (quasi) conclusion sereine, encore que sombre, à une galette de bout en bout réjouissante et on ne peut plus prometteuse.