On aurait pu continuer à en vouloir longtemps à Monsieur Metamatics d’avoir osé dissoudre Clear, passionnant label laboratoire qui préfigurait de plusieurs années le revival electro, et qui le réinventait aussi largement. Surtout au profit de Neo-Ouija, obscure entité entièrement vouée aux mornes formes post-autechriennes qui sont devenues le nouvel académisme papier-peint électronique. Un label sans identité qui peine forcément à faire valoir son existence au milieu de ses clones Toytronic, City Centre Offices et Morr Music… Cependant son propre projet a mieux à offrir que la triste rengaine de ses poulains, et celui-ci, joliment titré From death to passwords where you’re a paper aeroplane, offre de très intéressantes perspectives rythmiques et mélodiques, et, accessoirement, de la jolie musique à écouter.

Dès les premières notes de Here to go, remix à peine déguisé des danois Antenne sorti sur Staalplaat il y a quelques mois, Metamatics établit les limites de son territoire. Une mélodie douce-amère typiquement et résolument britannique, quelques rythmes cliquetants caractéristiques doublés d’infrabasses mélodieuses en contrepoint, des nappes typiques façon northern solitude en arrière-plan : un canevas précis dont le disque ne sort presque pas, bien enfoncé dans ses gonds, et qui donne un peu l’impression de regarder défiler en continu le même paysage, à peine perturbé par quelques reliefs perturbateurs. Ce qui, tout en marquant les limites du disque, est loin d’être désagréable. Alors outre quelques ratés mild et jazzy (Colmic Zeus) ou ambiant futuristes (A New end), From death to passwords renferme quelques moments de délicate bravoure : Byeway, cousin northern lad des fragrances du berlinois Arovane, avec violoncelle de synthèse en sus ; le simili-Plaid réussi de Rapala shad ; le nostalgique Pollen piano, qui se débarrasse du gros des rythmes pour se concentrer sur l’essentiel de sa mélancolie ; le court mais dense Remip ear

Alors, oui, tout ça ne va pas renverser l’electronica sur la tête. Mais rendons à César ce qui est à César : Metamatics n’est pas un débutant copieur, mais plutôt un vétéran méconnu. Et son art discret, s’il possède des parentés évidentes avec bon nombre de vétérans copiés, s’est fait en parallèle de celui plus tapageur de ces derniers. Sachons donc écouter, entre les mailles, ce qu’il a à nous dire de plus singulier.