On peut l’annoncer partout sans crainte : Mario les doigts d’or est enfin de retour. Avec son 4e enregistrement solo. Il est toujours fidèle au jazz teinté couleurs caraïbes (zouk, reggae, tempos latins…). Neuf titres, quatre instrus, tous de très bonne facture. Un album enregistré en compagnie d’un fabuleux percussioniste cubain (Miguel Anga Diaz) pour ne citer que celui-là. Shawa, son titre, signifie « transporter sur une charrette ». Une image qui exprime le désir chez l’artiste de transporter l’auditoire dans ses rêves.
Dans son imaginaire. Dans ses lointaines Caraïbes surtout.

Quelques belles voix des Antilles françaises ont bien voulu être de la partie. A commencer par Tatiana Miath, la fidèle et divine amie qui figure en très bonne place sur l’album. Convier les autres à venir se lâcher en studio sur son propre album : volonté de ne pas sombrer dans la solitude pure et dure ou bien désir de partager les grands moments de plaisirs qu’occasionne ce type de musique ?
Mario Canonge a su en tout cas mettre en valeur le talent de ses invités dans les parties chantées de ce nouveau répertoire, en apparence très éclaté mais qui reste en réalité très proche de ses précédents albums.

Comme d’habitude, ses compatriotes vont le dire trop jazz. Alors que les puristes du jazz vont le considérer comme un spécimen trop antillais pour être des leurs. En fait, il n’y a qu’une seule personne qui a su au jour d’aujourd’hui trancher et trouver le bon qualificatif. C’est le voyageur allumé de la maison Nova, Rémy Kolpa Kopoul. Il le considère comme le meilleur pianiste français. Bien que lui-même préfère se présenter comme l’ardent défenseur d’une musique caraïbe, qui est elle-même le concentré de plusieurs cultures de mélomanes avertis. Arrivé en musique à l’âge de quinze ans, Mario Canonge accompagne d’abord la chorale de l’église Sainte-Thérèse à Fort de France (le terroir), avant d’écumer les clubs parisiens (de jazz), de jouer avec pleins d’artistes venus tous d’horizons différents (l’Afrique, l’Amérique, l’Europe… Notre homme a déjà collaboré à une cinquantaine d’albums world, jazz et variété) et de prendre le temps de se concocter quelques albums solos qui défient le temps à bien des égards, Shawa compris…