Blood Donation est un premier album mais Mariam The Believer, alias Mariam Wallentin, n’est pas tout à fait inconnue des oreilles curieuses: elle est en effet la moitié du duo expérimental suédois Wildbirds & Peacedrums, où elle donnait déjà de la voix aux côtés d’Andreas Werliin, son percussioniste de mari. Loin de réduire sa palette, son échappée solo élargit son univers, et, seule maître à bord, Mariam étoffe le son de ses précédentes aventures.

 

Son album commence, avec le très réussi morceau-titre, comme du Bad Seeds au féminin, dense, gothique et fougueux. Musicalement, la personnalité de Mariam Wallentin est proche de celle de Kate Bush ; elle appartient à la coterie des divas inclassables et libres, mais elle épargne à l’auditeur les scories crispantes de certaines vocalistes. Sa voix est aventureuse et maîtrisée, et la frêle créature chante avec l’assurance d’un vieux bluesman sur des dentelles sonores – parfois taillées à la mitraillette – tandis que les morceaux soufflent le chaud et le froid, jouant des poings et de la caresse.

 

 

De bout en bout de Blood Donation se noue une passionnante tension entre le digital et l’analogique, comme entre le primal et l’élaboré. Une tension qui se résout toujours par le haut, et la believer ne cache pas les intentions spirituelles qui ont présidé à l’élaboration de l’album: « être dans le noir et vouloir la lumière, donner sans rien attendre en retour, surtout faire un disque qui soit comme déterré d’un sol ténébreux ». Une déclaration d’intention qui ressemble, dans son romantisme et son volontarisme, au résultat final et qui se traduit parfois par des mantras gnostiques (« Don’t we want to learn something more/reach somewhere new/and die someone else ? ») qui viennent percer les chansons.

 

Quant aux chansons elles-mêmes, aux durées élastiques (de cinquante secondes à presque huit minutes), elles sont d’excellente facture et révèlent après quelques écoutes une vraie efficacité pop, portées par une personnalité qui peut rappeler la PJ Harvey des meilleurs moments et une écriture musicale ménageant suffisamment de surprises pour maintenir l’auditeur en alerte sur la quasi-totalité de l’album. Si quelques inflexions jazzy peuvent lasser, reste surtout le brio avec lequel se mêlent les couleurs incantatoires, rock et atmosphériques, les textures rêches ou peaufinées, les rythmes serrés ou distendus. Blood Donation donne violemment envie de croire en Mariam.