Après le formidable album d’Isolée (encensé partout à juste titre), Losoul est la deuxième référence du label Playhouse, qui risque lui aussi d’en devenir une (de référence). Losoul, c’est Peter Kremeier, grand échalas à l’air un peu lunaire qui n’en est pas à son coup d’essai : il a déjà sorti dix-sept maxis (!) sous les pseudos de Silhouette Electronique (sur Placid Flavour) ou Don Disco (sur Grow) et des remixes pour Blaze, Freaks ou Ark. La musique ? Une house rigide à la Chain Reaction, mais non dénuée de funk, de soul et d’humour, ce qui fait toute la différence !

Onze titres chauds et souvent irrésistiblement groovy, sous une pochette originale (une photo retouchée/repeinte qui fait penser aux peintures d’Erik Fischl). Dès le premier titre, on tape du pied et c’est parti pour un dancefloor souriant et amusé ! Entre longs morceaux house minimalistes (Taste not waste) et courts intermèdes electronica poétiques (Late play), on s’amuse. Disque léger, disque de funk aérien (la flûte sur Resisting curare), on dirait que Losoul redécouvre le plaisir du groove pour le groove, simple, direct, marrant. On pense aussi à ces vieux morceaux d’ambient ou de trip hop des années 90, qui d’un coup se parent d’un charme tranquille (Sunbeams and the rain). En bref, rien de bien nouveau, sinon cette décontraction soudaine de la house. Ca peut paraître bizarre un disque de house allemande humain et chaleureux, mais c’est bien ça. Peter Kremeier se dit fan de funk pour l’énergie et de soul pour le cœur : ça s’entend. Il n’hésite d’ailleurs pas à utiliser des samples de guitares « baléariques » comme Isolée (sur You can do). C’est cool. Tout n’est pas réussi, bien sûr : Position est un peu chiant, Trust (dont le refrain est « Empty music ») est effectivement plutôt vide… Mais surtout il y a ce clin d’œil terrible sur Overland, dans lequel il n’hésite pas à utiliser en boucle la première mesure de basse de Billie Jean (de vous savez qui). Alors évidemment c’est énorme, ça fonctionne à bloc, surtout qu’il a le bon goût d’avoir réussi le gimmick qui sert de refrain. Ailleurs, un petit essai de pop électronique chantée (Lies) ne convainc pas vraiment (à ce petit jeu-là Dakar et Grinser assurent autrement). C’est bien dans le registre de la house simple et funky (il fallait bien que je la fasse, celle-là) qu’il assure le mieux : Remember your history, titre sérieux pour titre pas sérieux, devrait mettre le feu au cul de n’importe quel sol de danse européen et Depth control devrait rassurer tous les amateurs du son de Berlin : oui, les basses profondes, ils ont compris comment faire.

La scène électronique allemande a ceci d’étonnant qu’elle se renouvelle sans cesse, discrètement, et qu’elle influence ensuite tout le monde, tout aussi discrètement. Tendance de cet hiver : on se réchauffe ! Ca tombe bien, dehors ça se refroidit… C’est le moment de retourner au Rex…