Ce deuxième album du faux Français Jacques Lu Cont alias Les Rythmes digitales est avant tout un exercice de style doté d’une contrainte simple : rendre hommage à la variété disco-electro des années 80. Exercice réussi puisque tout y est : de la pochette à l’aérographe chargée de symboles : un Pac Man, une Golf GTI, une montre calculatrice à quartz, une canette de Pepsi, un Yamaha DX7 -LE synthé des 80’s… De Nick Kershaw invité au chant sur Sometimes jusqu’aux refrains débiles du genre « Rock your body » etc. Toutes choses qui vous rappelleront -selon vos goûts- d’excellents ou de très mauvais souvenirs. Heureusement, Jacques a pris soin de gonfler tous ses morceaux avec une énergie et un son typiquement 90’s, ce qui donne au final une jolie collection de bombes à faire danser, sourire béat aux lèvres lors de vos fêtes, des plus ringardes aux plus branchées (ce qui revient souvent au même).

Dreamin’ est un tube electro-house presque poétique qui rappelle DMX Krew en plus sensuel. Music makes you lose control (c’est le cas de le dire) et Jacques your body, bien que remixés (avec entre autres une guitare à la Beck) surprennent moins puisqu’ils étaient sur des maxis. Soft Machine fait dans le viril avec un rythme syncopé et des vocaux comme on n’ose vraiment plus en faire et un refrain (« I’ve got Lucifer rising in my hair ») peut-être en référence à Kenneth Anger. Hypnotise est une bombe electro-disco avec une ligne claire à la Kraftwerk et (Hey You) What’s that sound fait peur avec ses synthés tout droit issus des maxis que vous n’achetez jamais (à tort) dans les brocantes. Take a little time est vraiment variétoche et le mot est faible. Imaginez-vous dans une boite de nuit de Deux Flics à Miami et vous y êtes. Plus moderne, Disco to disco et son hommage au synthé hurlant des Osmonds et de leur Crazy Horses devrait cartonner cet été dans les clubs parisiens comme dans les boîtes de province (rappelez-vous Daft Punk). Brothers, assez techno, plus sobre, est excellent et About funk se fait remarquer grâce à une ligne de basse funky justement, et un clin d’œil à Add n to X. Sometimes est un tube magnifique, martial et putassier dont on peut difficilement se passer une fois qu’on l’a entendu. Beau comme une robe de soirée lors d’un bal disco par une belle nuit de 1982. En plus, les paroles sont mélancoliques. Enfin, le disque se termine par Damaged people, sorte de descente de cocaïne de Yuppie fatigué (« I’m bruised and I’m lonely »), ambient et planante. Frissons garantis.

En bref, l’accompagnement musical idéal d’un roman de Bret Easton Ellis, particulièrement Moins que zéro. Évidemment, tout ça est destiné à « cartonner sévère » sur Fun Radio, mais ne boudons pas notre plaisir : Darkdancer est une belle tranche de pure jouissance commerciale sur-saturée de clichés 80’s (et Jacques Lu Cont est sincèrement fan de ces références). Ce sont les années 90 qui veulent ça, or, elles se terminent et elles n’ont aucun sens. Alors amusons-nous.