Lieder de Brahms, Mahler, Schubert, Schumann, Strauss, Wagner… Christa Ludwig (mezzo-soprano), accompagnateurs et chefs divers. 4CD (1957-69).

Selon toute vraisemblance, EMI liquide donc (et à prix ultra-discount : 25 F en moyenne le CD !) sa prestigieuse collection blanche -peut-être la retrouvera-t-on, dans quelque temps, « repackagée », remastérisée, etc. Mais deux précautions valant mieux qu’une, on vous conseillera néanmoins de vous équiper pour d’éventuelles années de disette : si vous ne faites qu’un petit tour, ces jours-ci, au rayon classique, c’est impérativement parmi ces 24 (bientôt) « Introuvables » qu’il faudra piocher. Tout y est, sinon historique (les Christoff, Cortot ou Meyer n’ont pas été supplantés, à ce jour, dans leurs répertoires respectifs), en tout cas indispensable à tout honnête discophile.

Et s’il fallait, in fine, n’en retenir qu’une : alors, Ludwig, impérialissime d’un bout à l’autre, dévastatrice dans Brahms (les Zigeunerlieder !), irrésistible dans Mahler (qui fait encore cela aujourd’hui avec autant d’enthousiasme ?) et carrément « mortelle » -en langage jeune…- dans les Wesendonk de Wagner. Et Schubert, et Ravel (les Chansons madécasses !), et Bach (Matthäus)… Du chant, de l’intelligence, de l’art et de l’amour quasi-introuvables, pour le coup, dans les belles (certes) et mielleuses voix du moment, si proprement formatées au confort standard du consommateur… Si, du côté des hommes, la relève d’un Fischer-Dieskau semble assurée (Hampson, Quasthoff, Goerne…), Christa Ludwig, mezzo du siècle tous répertoires « confondus », reste insurpassée : ce coffret en est la plus belle preuve.

Stéphane Grant