Quand on sait le nombre de jeunes musiciens de talent qui voient se fermer devant eux les portes des grandes compagnies -celles de la gloire, bien souvent- ce premier disque de Kyle Eastwood, fils de, apparaît franchement immoral. Si au moins Eastwood Jr était un bon contrebassiste… Mais non : écoutez la très hasardeuse justesse de sa ligne de basse sur Watch watch et l’imprécision de son premier solo sur Stanley Hill Dr., vous comprendrez. Aussi l’exubérance des moyens dont jouit notre play-boy (les photos de pochette sont consternantes –Kyle solitaire, nu pieds, improvisant de dos dans une pièce dépouillée…) ne peut-elle que choquer : des grands noms, des grandes voix (Diana King et Joni Mitchell, femme du producteur de ce disque, Larry Klein), 32 musiciens au total (!), bref, de quoi satisfaire l’agaçante mégalomanie (qui n’est peut-être qu’une triste naïveté d’enfant gâté) du garçon. Quand bien même, une fois la contrebasse noyée dans l’orchestration, les dix morceaux de l’album ne déshonorent pas les musiciens, on ne peut s’empêcher de penser que si l’Inspecteur Harry était sagement resté cultiver toute sa vie des radis au fond fin du Wyoming, son rejeton n’aurait pas pu, au poids de son seul talent, être ainsi présent dans les bacs des disquaires de la planète entière.
1)Stanley Hill Dr. (D. Webb) – 2) Watch, watch (M. McGuire) -3) I beg your pardon (T. Waits) -4) Trouble man (M. Gaye) -5) Why can’t we live together (T. Thomas) -6) Da da ba ba nu nu (K. Eastwood – M. McGuire) -7) In the wee small hours (D. Mann – B. Hilliard) -8) Solace (M. McGuire) -9) Chaff and grain (M. McGuire) -10) Enter evening (M. McGuire)
Kyle Eastwood (b), Mark Isham (tp), David Sanchez (ts), Peter Erskine (dms), Jim Cox (ts), Joni Mitchell (voc), Diana King (voc)… + big band. Enregistré à Capitol Studio, Hollywood (dates non précisées)