Parmi les bonnes surprises de la rentrée, la sortie d’une compilation de KG chez Gooom Disques fait figure de micro événement. Car en tant qu’entité variable « … une formation élastique, ni un projet, ni un groupe, une synergie humaine avant tout, une tranche de vie musicale », KG sortait au début des années 90 quelques singles sur des structures aux moyens limités mais animés par une vraie foi (Orgasm Records, Lo-Fi Organization, Slumberland) qui impressionnèrent durablement ceux qui eurent la chance de tomber dessus. Alors que la plupart des groupes français qui partageaient les mêmes influences (My Bloody Valentine et The Jesus And Mary Chain pour faire court) peinaient encore à régler leurs pédales de distorsion, KG, mené par le mulhousien Rémy Bux, possédaient une force de frappe quasiment thermonucléaire au service de chansons régulièrement touchées par la grâce. C’est cette période qui est résumée sur The Electric years, première partie de ce CD rétrospectif édité par un label électronique de pointe aux goûts surs et affirmés (Anne Laplantine, Gel:, M83, Mils). »Ce sont les gens de chez Bimbo Tower à Paris qui nous ont mis sur ce plan fric. Mais on ne joue pas pour l’argent. On nous appelle, on vient. L’argent a trop d’importance dans les milieux artistiques. Tu peux vendre n’importe quelle merde si le marketing est bien fait derrière. On espère que ce sera le cas avec nous. »

Suivent cinq morceaux que les initiés avaient déjà entendus sur The Tatami Cissy, oeuvre électronique majeure et anti-minimaliste sortie en catimini il y a deux ans sur l’excellente structure strasbourgeoise Antimatière. On regrettera l’absence d’un titre de la trempe de S.P.E.C.T.R.E 5, probablement le morceau le plus émouvant d’electro rétrograde jamais commis en France. Car si la face KG électronique est si enthousiasmante, c’est qu’elle fait aussi référence au début des années 80, lorsque la new-wave découvrit les synthétiseurs et que des groupes comme OMD (à leurs tout débuts), Depeche Mode ou encore Fad Gadget reprirent les bases posées par Cabaret Voltaire, Throbbing Gristle, Human League ou The Normal pour produire une musique de danse froide mais à peu près humaine, portée sur les mélodies et les chansons pop. KG s’en inspire mais peine à l’admettre et propose de ce fait une musique instrumentale qui doit surtout selon leurs déclarations aux influences conjuguées « … des jeux vidéos, du manque de place, de l’aspect technique. »

En observant le packaging de ce Greatest hits frappé par la foudre divine et totalement au goût du jour malgré tout, on comprendra où ces gens veulent en venir. Qu’est ce que KG écoute? « M, j’aime bien sa tête, la compilation des Beatles, une sonate de Rachmaninov, un bon enregistrement sur Sony Classical, Messiaen. » Pour finir sur une pirouette pas aussi niaise que ça : « Le plus important c’est de faire de la musique et d’être content. » Sur des matériaux variables, ces musiciens travaillent des outils solides et arrivent à plomber souvent avec génie un certain marasme electro vain et content de soi. Dans la banlieue de Strasbourg on s’en fout, on sait s’amuser.