Un album tonique, émouvant, subtil et entraînant. Un mariage subtil entre les différentes traditions musicales du Mali -une mosaïque culturelle- et les nombreuses influences imposées par l’urbanisation active de la sono mondiale. Cela donne au final un ‘blues’ relativement gai, dansant ou intimiste (c’est selon !), avec un usage renforcé de l’instrumentation traditionnelle par rapport au premier album (Muso Ko) et des arrangements d’une modernité indiscutable.
Douze titres au total, servis avec finesse par l’excellent quintet semi-acoustique Bamada, sur lequel trône en guitariste émérite, avec un jeu habilement inspiré du N’goni, le jeune prodige malien Habib Koité. Fils et petit-fils de griot, il nous promène d’un pas naturel et certain sur les rives de l’amour, s’interroge sur la condition humaine (Ma Ya signifie l’être humain), ramène un peu d’espoir entre ses doigts, se laisse inquiéter par la mondialisation rampante et rend hommage à la beauté des femmes, aux peuples sarakholé et peul.

Lancé sur la scène mondiale par l’édition 93 des découvertes RFI, Habib Koité avait déjà bluffé toute l’Afrique de l’ouest avec son premier tube, Cigarette a bana (la cigarette, c’est fini!), à ses débuts. Aujourd’hui, c’est la terre entière qu’il va devoir affronter. Que ce soit avec un titre comme I Mada ou Komine… il a toutes ses chances. Ma Ya figure déjà en bonne place sur « l’European World Music Charts ». Et il y a trois moments importants, semble-t-il, dans la vie d’un artiste. Celui où son talent surprend tout le monde, celui où se confirme son génie et celui où il décroche. On peut penser que Koité, avec cet album, est en train de vivre la deuxième période. Avec une pêche d’enfer…