Surprise : la composition éponyme, celle sur laquelle s’ouvre l’album, est un joyeux reggae où saute aux oreilles la présence d’un orgue, en lieu et place du piano (Philippe Milanta). Les occasions de s’ébaudir ne cesseront pas de se succéder tout au long de ce nouvel opus du Pentessence Quintet, l’une des nombreuses formations menées par Glenn Ferris (il gère en parallèle son trio avec Vincent Segal et Bruno Rousselet, son trio « Chrominance » avec Rousselet et Jeff Boudreaux, et a été l’un des piliers du quartet Palatino), même si certaines pistes ramènent l’auditeur fidèle sur des terrains déjà parcourus en sa compagnie, encore qu’à des vitesses parfois différentes. En Jean-Michel Cabrol, le tromboniste a trouvé l’alter ego parfait pour des dialogues ténor-trombone de toute beauté, l’alliance magique des deux sonorités permettant des jeux de textures et des arrangements à la mesure de sa plume. D’une manière générale, tout en ouvrant pas mal de nouvelles pistes, X actimo reste imprégné de tout ce qui fait la personnalité et la patte des formations de Glenn Ferris : l’amour immodéré pour la chanson française (avec ici « Qui ? », de Charles Aznavour) et, surtout, toute la gamme des bleus que permet d’atteindre le blues, exploré sous toutes ses facettes. Quelques passages restent en deçà de la tenue générale de l’album (une reprise assez quelconque du You are so beautiful de Preston & Fischer, jadis immortalisé par Joe Cocker), notamment lorsque Milanta abandonne l’orgue pour le piano, auquel cas on revient dans des chemins plus convenus ; on a le plaisir de retrouver malgré tout quelques superbes compositions écrites pour le Palatino et dûment magnifiées par les solistes (In my dream). Jeff Boudreaux, impérial, donne un splendide solo sur Golden wave. Dans l’ensemble, on ne dira certainement pas que c’est le meilleur Ferris, mais le lot de bons moments (et, répétons-le, de bonnes surprises) qu’il apporte n’en fait pas moins un album très hautement recommandable, pour les fans et pour les autres.