Hugh Wolff conducts the London Sinfonietta
Il y a trois ans était édité un coffret de cinq disques rassemblant la totalité des musiques composées pour les films de François Truffaut par Maurice Jaubert, Maurice Le Roux, Antoine Duhamel, Jean Constantin et les génialissimes Bernard Herrmann et Georges Delerue. Classé selon les thèmes des films chers à Truffaut, cette édition fait référence dans le monde de la musique de films puisque seuls Truffaut et Kurosawa se sont vus décerner cet immense honneur. On peut donc légitimement se poser la question du pourquoi de cette compilation d’extraits des musiques de Georges Delerue. Des partitions pour le moins éclatées ; en effet, celles des Deux Anglaises et le continent et de La Femme d’à côté sont dispersées au milieu d’extraits des autres compositions de Delerue. Certains crieront au sacrilège qui porte atteinte à l’oeuvre du musicien. Evidemment, rien ne justifie cette dispersion mais, en écoutant l’album et les thèmes de Georges Delerue, tous plus célèbres les uns que les autres, on commence à voir poindre cette sensation diffuse de l’unité de l’oeuvre que Delerue a offerte à Truffaut et réciproquement. Ces deux-là en savaient sur les passions et les douleurs humaines et il nous semble que leur travail, pourtant réalisé chacun de son côté, ne pouvait aller mieux que s’il était destiné à la création de l’autre.
Ainsi prit corps la plus longue collaboration de l’histoire du cinéma entre un metteur en scène et un « metteur en musique » (onze films dont dix sont représentés ici). C’est avec tendresse que La Déclaration d’amour des Deux Anglaises et le continent ouvre l’album, sitôt suivie du flamboiement de la course effrénée de Jules et Jim et de ses variations. Ainsi les musiques de cet album se frayent un chemin au coeur de la filmographie de Truffaut, alternant envolées lyriques, tendres passages de scènes d’amour et partitions incontournables comme ce choral de La Nuit américaine, sans doute les plus belles pages de Delerue avec celles composée pour Le Mépris de Godard.