Depuis quelques saisons, l’ex-Soup Dragons, Sushil K.Dade publiait dans un anonymat relatif des maxis de musiques samplées, bouillants collages d’influences éparses et toujours pertinentes Mais ce noble artisan n’a jamais choisi de s’isoler dans la tour d’ivoire de son home-studio, en choisissant de collaborer à l’occasion avec rien moins qu’Alan Vega, Two Lone Swordsmen, Scanner, Cornershop ou Kim Fowley, voire son vieil ami Stephen Pastel pour une relecture chancelante du Hurricane fighter plane de Red Crayola (1).

L’an passé, l’idée de s’acoquiner avec le Bill Wells Trio (orchestre de Jazz en filigrane évoluant également sous forme d’octet) donna lieu au mini-album Bill wells trio vs Future pilot aka (chez Domino). Aujourd’hui sort ce premier album, Tiny waves, mighty sea, de pop délavée comme un pantalon trop souvent mis à la machine, sur le nouveau label de Stephen Pastel et David Keenan (rédacteur de l’impeccable magazine The Wire). Et si ce Glasgow All-Star Band prend des allures d’auberge indienne (sitar et tablas), on ne s’en plaindra pas outre mesure. Un thème traçant une route imaginaire entre Bombay et New York (Darshan) revient à trois reprises et ravit effectivement par son réel psychédélisme (Darshan returns), Beat of a drum rappelle les accointances de Sushil K. Dane avec le Teenage Fanclub, dont la présence sur ce titre n’a rien d’un hasard. On ne songe pourtant pas à une ethno-pop forcée, ce disque étant trop simple et ludique, parfois même un peu léger. Peu de chances donc de le voir pris sous licence sur Luaka Bop, à moins que David Byrne ne crée une sous-division de type Luaka « Pop » Maid of the loch fait une introduction digne de Lambchop, où l’on retrouve Isobel Campbell échappée une nouvelle fois de Belle And Sebastian pour un morceau qui allie toute la fourbe subtilité des ballades du Velvet à la naïveté de son groupe d’origine. D’ailleurs, Stuart Murdoch ne tarde pas à lui donner la réplique un peu plus tard dans l’album.

Au final, on apprécie ce cheminement pas vraiment en dents de scie, cette manière un peu désuète d’embarquer la pop écossaise en vacances en terres indiennes. Mais ce vagabondage pour aussi agréable qu’il soit ne doit pas faire oublier que Sushil K.Dade a plus d’un tour à jouer et que son talent peut encore (et pourquoi pas simultanément) profiter aux musiques électroniques.

(1) Toutes ces choses passionnantes sont disponibles sur un double album compilateur intitulé Future pilot aka vs A Galaxy of sound (dispo chez Sulphur en Import).