Manu, qu’on a croisé des années à Paris aux open-mics du Pop In (avec David Ivar Herman Dune), quand il arrivait de Bordeaux (où il laissait ses potes de Calc et du Jimmy) et cherchait sa voix (haute, entre vieil enfant et garçon féminin), a finalement atterri il y a trois ans à Montréal, où il s’est refait une santé et a retrouvé l’envie d’en découdre avec ses cordes, vocales ou de métal. Bien joué, l’album enregistré sous la neige en hiver (dans le studio d’Orson Presence du groupe post-punk britannique The Monochrome Set), n’aurait sans doute pu se faire ailleurs qu’en Amérique du Nord, quand bien même celle-ci aurait encore ses liens tissés avec la vieille Europe.

Car El Boy Die (lire notre entretien), plus même que Herman Dune (qui l’accompagnent parfois ici, ainsi que des membres de Cyann & Ben), nourrit ses visions des mythologies anciennes de l’Amérique, autant Terre Promise que Terre d’ancêtres chamanes, qui rythment en tambours et tambourins les litanies de ce nouveau The Black hawk ladies & tambourins. Fantômes planants tout là-haut, ils accompagnent huit chansons apocalyptiques (quoi d’autre ?) sur des arpèges de douze cordes, des coulées noise, des violons franchement gracieux, des trompettes dernières, des chorales comme on n’en fait qu’au Canada. Mysticisme élégiaque et romantisme noir imprègnent ici les litanies psyché-prog-folk, comme on dit, évoquant tant la scène du label Constellation (les montées et la grosse descente), que la Californie hippie des 70’s, et beaucoup un illustre prédécesseur, canadien de naissance, californien d’adoption, ce bon vieux Neil Young. Souhaitons à El Boy Die une aussi longue et belle carrière.