Duo Logic, projet électronique qui conjugue les talents de Dysh et d’Oscar, apparaît comme l’une des aventures les plus soyeuses de cette electro française qui, par langueur ou par ennui, se laisse caresser par les doigts de la soul, du jazz, voire de la musique brésilienne. Le dossier de presse l’annonce haut et fort : « Oscar fait de la house acoustique et mélodique, qui mélange diverses influences musicales pour nous offrir un mariage sonore des plus réussis. » Autant l’avouer, voilà le genre de phrase qui fait craindre le pire et donne envie de prendre ses jambes à son cou. Car le libertinage entre l’electro et le funk n’étonne plus personne depuis que Saint Germain, Alex Gopher et tant d’autres s’y sont trop largement épanchés, délivrant plus qu’à leur tour de sempiternels breakbeats qui ont le défaut de fatiguer davantage l’esprit que les jambes. Heureusement, quand ce sont Dysh & Oscar qui s’y collent, d’aimables surprises sont au rendez-vous, car jouée live, sur de « vrais » instruments, leur musique possède le naturel et la rondeur qui manquent aux artistes sus-cités.

Question : Mais quel est cet Oscar ? Réponse : Oscar est une façade de luxe derrière laquelle se dissimulent Florent et David, les deux hommes orchestre, que par un raccourci de l’esprit, on aurait une furieuse envie d’appeler Ralph et Florian, en raison de l’évidente complicité artistique qui les lie, et de ce goût kraftwerkien pour la bidouille savante mais toujours mélodique. Epaulés de trois musiciens (basse, guitare, batterie), David Hachour et Florent Sabaton se sont fait remarquer depuis maintenant plus de trois ans par l’acuité élégante de leurs remixes, pour Zend Avesta par exemple, et par la sobriété de compositions, telles que Sunday 17th, petite tournerie bien balancée et accrocheuse qui a fait circuler le nom du groupe, surtout lorsque Noos (ex-Cybercâble) l’a utilisé comme générique publicitaire pour plaire aux jeunes.

Oscar négocie de surprenant virages jazzy, des expérimentations toujours gracieuses et originales, pourvues de belles et riches tonalités et de progressions lisibles et efficaces. Les couleurs ambient et groove dominent et montrent leur velouté quand elles s’élèvent jusqu’à la soul spirituelle d’un Donny Hathaway moderne et apaisé (Hide and seek), jusqu’à la tendresse ensoleillée d’un Jon Lucien encore vert (To fall by the way side). Ou lorsqu’elle s’illumine sur Hutchinson d’entêtants accords churchy, petites agrafes d’or, permettant l’escalade vers l’ailleurs. Cette musique down tempo, que l’on croyait parée de couleurs trop chatoyantes, séduit sans effort sur la longueur, même si divers morceaux un peu trop novaïsants (Radio Nova est d’ailleurs l’une des premières radios à s’être enthousiasmée pour Oscar) font tiquer les esthètes par leurs déhanchements trop appuyés (The Humming), ou par excès de ventre (Showcase frequency).

Dernière carte que ce disque a dans sa manche : la présence de Dysh, qu’on s’est gardé pour la bonne bouche. Il est venu chez Oscar les bras chargés d’un minimalisme de bon aloi, puisqu’en dénudant les beats, il allège et décontracte les rythmiques, et parvient même sur plusieurs titres à évoquer quelques-uns de nos héros électroniques de l’année dernière, type Isolée et son Beau mot plage, Losoul et son You can do, voire Herbert et son Café de Flor. Bref, ces musiciens qui renouvellent avec autant d’astuce que de doigté l’electro propre et bien sapée.