A toute première vue, encore un nouvel essai de lounge music. L’imagerie, la typo, le titre même de l’album nous servent de codes supra-balisés pour nous amener au plus vite vers un état artificiel de détente. Des sons un peu vieillots qui plaisent tant à la tribu néo-Actuel (vous avez dit Nova ?), voilà ce que demande le public en mal de facilité musicale. Le problème dans tout ce renouveau easy listening est que la musique cède beaucoup trop souvent à la médiocrité ambiante -n’est pas Perrey qui veut. Avec les deux protagonistes que sont David Shea et Robin Rimbaud (aka Scanner), on pouvait s’attendre au meilleur, mais aussi au plus radical. Magnifique négociation entre les codes inamovibles de la lounge music et les aspirations artistiques les moins grégaires des deux musiciens, cet album a tout de l’écrin sucré et délicat qu’on voulait bien nous proposer. Sous-titre clin d’oeil s’il en est que cet Electronica for young lovers, il en exprime pour autant très bien la volonté d’amusement quasi naïve de deux habitués de cette musique que d’aucuns nommeront (à tort ou à travers ?) « intelligent techno ». Ici, les mélodies s’imbriquent, fuient dans la porosité musicale la plus ouverte possible, rejoignent par moment nos oreilles pour mieux repartir vers d’autres lointains ; une stratification dense du plan musical qui crée des intensités fortes et affectives. Car cette musique simple et entraînante, aux samples volontairement poussiéreux, ne tombe jamais dans la facilité la plus commune et s’attarde encore moins sur les gimmicks et schémas pré-mâchés de l’easy listening.

Tout à la fois conçu comme un terrain de jeu pour « électronicistes » en mal d’horizons ouatés et rosis mais aussi comme une remise à niveau de la lounge music actuelle qui se vautre dans le grégaire, Free chocolate love a une saveur insoupçonnée. Ecoutez ne serait-ce qu’un instant le quatrième morceau de l’album, Smootchy smootchy, et on en reparlera dans une soirée hype en haut d’un loft-duplex néo-nova-baba made in Bastille…