S’ils sont aussi nombreux que les amis de Blanche Neige, les cinq garçons et les deux filles de Coming Soon ne partagent pas la facétie et la bonhomie des célèbres nains. Malgré leur jeune âge, le combo d’Annecy fait plutôt preuve d’une certaine maturité et d’un relatif classicisme, souvent rencontré chez les maîtres es folk anglo-saxons : on citera pêle-mêle la spiritualité d’un Léonard Cohen (sur l’inaugural Memento Mori), l’humeur rock d’un Calvin Johnson (sur Howard’s mood), les reliefs des Moldy Peaches (sur Broken heart) la langueur des Silver Jews (palpable sur Bright tides) et les plus contemporains et hexagonaux Herman Dune (sur l’enlevé Jack Nicholson style). On pourrait encore enrichir encore la liste tant la musique de Coming Soon ressemble à une décoction savante de ce qu’à donné de mieux ce qu’on nommera hâtivement le « folk rock » des quarante dernières années. Pour autant, les Coming Soon ne sont pas réductibles à de simples singes savants, élevé au Net : ils ont un véritable talent de songwriters (les minitubes catchy comme Big boy ou Time bomb en attestent) et savent trouver des arrangements aussi économes qu’efficaces. Rotation en boucle sur la platine assez probable.

Dans un autre genre, moins authentique mais pas moins exigeant, les parisiens d’Aqua Nebula Oscillator chantent en anglais et sont la nouvelle sortie du label Pan European Recordings, de Turzi et sa secte Kraut. Ces frenchies qui trippent dans des caves humides au milieu d’oiseaux empaillés voient la lumière comme les enchaînés de la caverne de Platon : les ombres qui passent sur les murs sont rétro-projetées depuis 1968 (plutôt que 1967, plus Altamont que Sergeant Pepper, déjà la fin du rêve psychédélique), en copies imparfaites, images rêvées, inconscient. Premier morceau, une fréquence radio dans l’oreille droite liste les références – Dali, Stooges, Dracula – le cerveau est parcouru d’ondes sur lesquelles scroller, pleines de bruit et de feedback. Comme dans une compile Sixties Archives, la stéréo est extrémiste, sitar et fuzz d’un côté, batterie surcompressée entière de l’autre, on pense à l’esprit bicaméral de Julian Jaynes où à la définition de la stéréo par Godard, mystique de l’oreille. Mais, malgré tous les effets White Noise et un hommage aux Silver Apples, à quoi bon aujourd’hui cette émulation de la pauvreté technologique d’alors ? Reste le trip en TGV, en trois lettres, comme LSD.

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