Melissa Logan, Alex Murray-Leslie et Kiki Moorse se sont rencontrées à Munich à la fin des 90’s. Etudiantes en école d’Art, elles ont jugés que leur message artistique et politique passerait mieux auprès des masses par le biais de la musique populaire. Après une série de singles remarqués par la presse anglaise et un premier album paru confidentiellement (The Un-releases) l’album Chicks On Speed will save us all sort en 1999. S’y retrouve la fine fleur des producteurs techno européens (Dj Hell, DMX Krew, Ramon Bauer, Gerhardt Potuznik), pour treize titres electro flirtant avec le punk riot grrrls, entre Bikini Kill (groupe punk féministe des 90’s) et David Carretta (qui collabore avec elles sur le label International Deejay Gigolo). Issues de la scène electro autant que de 1977, les COS chantent leurs ritournelles punkoïdes à trois voix, sur des rythmiques binaires ultra efficaces, cartonnent dans l’underground arty et séduisent la hype. Grâce à leur musique, mais aussi par leur attitude contestatrice et une imagination débordante. Car les COS ne se contentent pas de sortir des disques. Elles veulent bousculer les conventions économiques et culturelles. Influencées par le situationnisme et l’activisme libertaire, elles créent leur label et proposent, en plus de disques décapants (Dat Politics, Sylvester Boy), une multitude de produits dérivés (robes confectionnées à partir d’articles de presse, tee-shirts post-situs, etc.).

Mélangeant Sigue Sigue Sputnik, Spice Girls et l’esprit punk « Do It Yourself », les COS sont en passe de réussir leur pari, avec un nouvel album, 99 cents, qui lorgne ouvertement vers la culture mainstream : la pop de Madonna / Mirwais ou la R&B de Timbaland sont revisitées à grands renforts de manifestes politiques subversifs. Critiquant une culture de la stimulation nerveuse dans Culture vulture, les COS utilisent les armes mêmes de l’objet de leur critique : la superproduction hachée menue de la plus récente R&B Si elles y perdent un peu en sécheresse (qui faisait le sel martial de Mind your own business par exemple, sur leur premier album), elles y gagnent en enthousiasme et humour. 99 cents ou Shooting from the hip évoquent très musicalement de nouvelles façons de gérer sa vie économique, à la fois libertaires et consuméristes. Leur reprise du standard linguistico-régressif de Tom Tom Club, Wordy rappinghood, est un vrai tube potentiel, doublé d’une dénonciation ludique de la perte du sens des mots. Les Chix ont par ailleurs invité la délurée Peaches pour une chanson féministe qui se moque de la mythologie rock machiste (We don’t play guitar) et Miss Kittin a composé un titre pour elles (Chick shaving). Les Chicks On Speed sont un vrai projet, intelligent, conceptualisé et musical. Elles sont punk ou electro-punk, mais aiment les mélodies pop, l’efficacité électronique et l’autogestion économique. « Nous voulons faire du monde un endroit meilleur, en proposant aux gens des produits bons et beaux et en les aidant à les produire. Nous sommes des sortes de travailleurs sociaux, dont la fonction est l’entertainment ». Votez pour elles.