Débutant dans un bruissement de cloches éthérées, le monde musical de Calla se développe dans un univers électronique discret et élégant. L’instrumentation, tout d’abord, inspire une certaine retenue dans la relative paupérisation des moyens : trois musiciens, pour près d’une dizaine d’instruments, allant des cordes (guitares, basses) aux gadgets synthétiques les plus avancés et les plus discrets. La polyphonie percussive trouve une place spéciale au sein de cet univers diaphane transpercé par des drones vocaux. Rares sont les disques classés « new electronica » qui laissent une place, à part entière, à de longues parenthèses presque tibétaines, dégagées de toutes bases harmoniques extérieures.
Les morceaux, eux, se déroulent de façon toute naturelle, dans un univers de traviole, rêve morphiné d’un flipper déglingué, au milieu d’un Far West en phase de détérioration passive. On retrouve d’ailleurs, dans les thématiques musicales du groupe, les leitmotive presque trop prévisibles des scènes instrumentales actuelles. Oscillant sans risque, ni faux pas, entre un post-rock atmosphérique en dentelle et une electronica gentiment rythmée, les référents activés sont bien plus proches des écoles américaines que des tentatives plus machiniques, effectuées outre-Rhin. Le son, jamais dur ou industriel, se pose en papier peint polymorphe de rêves gentiment romantiques, qui se développent dans ce paysage essentiellement naturaliste.
L’effort général est donc bien à placer dans cette réactualisation d’un Nino Rotta version post-rock, où le cinématique, l’image-mouvement et la représentation virtuelle de l’affect ont définitivement pris le pas sur une vision démodée et beaucoup moins fraîche d’une musique qui s’impose dans les formes et dans le fond à l’auditeur. Il est bien certain que la révolution musicale ne viendra sûrement pas d’ambientistes comme Calla, mais les révolutions d’un jour, plus personne ne s’en préoccupe.