Les Stray Cats avaient imposé Brian Setzer comme figure emblématique du néo-rockabilly des années 80. Vingt ans plus tard, l’homme a perdu ses allures de chat de gouttière efflanqué, troqué la formule en trio pour un big band (dix -sept musiciens derrière lui), adopté le swing, et raflé le jackpot avec son précédent album The dirty boogie. Deux ans plus tard, le Brian Setzer Orchestra mélange toujours la guitare acrobate de son leader aux cuivres et percussions de l’orchestre sur Vavoom !, disque hautement distrayant, idéal pour danser en couple et s’envoyer un martini Ceci dit, dans toutes ces formules bâtardes imposant la rencontre entre deux univers musicaux, passé l’effet de surprise, on se demande combien de temps l’inspiration tiendra. Setzer flirte ici avec le danger de redondance en proposant deux reprises faciles, telle sa version de Mack the knife, impeccable soit, mais inutile. On soupçonne Brian de s’être fait plaisir, tout comme avec Getting in the mood, détournement du standard de Glen Miller, sur lequel il a ajouté des paroles . Grâce à son final incongru -un rap retraité sonnant comme une ancienne réclame radiophonique-, il mérite cependant l’indulgence.

Malgré ces baisses de forme, Vavoom ! comporte son lot de trésors. Tel Drive like lightning coupant le souffle avec ses assauts de guitare somptueux qui vibrent longtemps dans les tympans alors que le morceau est terminé. Tranche de psychobilly pour laquelle les Cramps vendraient leur âme et leur collection de disques au diable, elle embrasse les clichés avec emphase. Hymne à la vitesse, à la conduite sportive des émules de James Dean préférant se fracasser plutôt que de finir à l’hospice, voilà qui ressuscite un style disparu depuis les années 60 : la chanson à la gloire de la bagnole. On retiendra aussi Footloose doll, un autre Setzer original, swing jazzy irrésistible si « authentique » (argot et histoire compris) qu’on ne comprend pas pourquoi son auteur s’obstine à piller les fonds de catalogue. Selon les parutions autorisées, « vavoom » (ou « va va voom ») serait une onomatopée résumant les émotions ressenties en présence – photographique ou réelle – d’une créature type pin-up. On pourra l’associer désormais aux beaux restes et à l’énergie fabuleuse de Monsieur Setzer. S’il continue son voyage dans le temps, il risque de se mettre au Charleston d’ici quelques années.