NDR-Sinfonieorchester, Günter WandDepuis quelques mois, le vieux maître de Cologne (85 ans) nous revient avec force enregistrements live de quelques-unes des partitions qui accompagnèrent sa longue carrière -Bruckner, primus inter pares, et après une intégrale qui, au milieu des années 70, fit son petit effet- et Brahms, aujourd’hui, dont il grave les trois premières symphonies. Deuxième tentative, également, puisque Wand avait, peu après sa nomination comme chef principal de l’orchestre de la NDR, abordé ces œuvres en studio (1982/83, RCA).

On sait la fidélité maladive que le kapellmeister hambourgeois attache à la lettre de la musique. Ce qui fit de lui, peut-être, un chef moins exposé médiatiquement que d’autres démiurges plus ou moins inspirés, mais d’une rigueur et d’une intégrité exceptionnelles.

Et pourtant, sous sa baguette, que cette musique vit, respire et se développe à l’envi ! Comme il y a quelques mois, encore, son collègue Solti, l’Allemand aborde avec une fraîcheur et un enthousiasme de débutant ces symphonies prodigieuses, dont le public profane connaît surtout l’allegretto de la Troisième (repris par Gainsbourg, Baby alone…). Interprétation classique, sans doute, très… brucknérienne justement, plus proche d’un Giulini que de Toscanini ou Cantelli, mais alternant tempos réfléchis et volontaires, et déployant une beauté de timbres de tous les instants. C’est très construit, très équilibré mais très libre en même temps -l’intellect ne l’emportant jamais sur l’émotion. Haitink (avec le Concertgebouw, Philips), Toscanini (NBC Symphony orchestra/RCA) ou Bernstein (New York/Sony) sont indémodables, et on a hâte d’entendre la très prochaine intégrale Harnoncourt. En cette année de centenaire brahmsien, Wand nous livre une vision souveraine de ces trois symphonies. En attendant la quatrième…