A ceux qui pensaient la page du trio avec Larry Grenadier et Jorge Rossy définitivement tournée depuis le remplacement du second par Jeff Ballard sur Day is done, Brad Mehldau propose un (ultime ?) revenez-y avec ce disque enregistré au cours de la même session que Anything goes, le dernier opus du triangle magique auquel on doit la désormais légendaire série des « Art of the trio ». En attendant une éventuelle résurrection, évidemment… Quoi qu’il en soit, House on hill donne une nouvelle fois à entendre les qualités qui ont, en l’espace de quelques années, placé légitimement le « premier » trio de Mehldau sur le devant de la scène musicale et médiatique : ce lyrisme un peu rentré et romantique, ce swing étonnant qui semble toujours être un peu en retard, comme s’il prenait son temps avec provocation avant de se mettre tout à coup à courir en surprenant l’auditeur, cette souplesse, et bien sûr l’entente parfaite des trois musiciens, Grenadier impeccable en plaque tournante métronomique discrète, Rossy impressionnant d’unité avec le pianiste, dont il incarne comme une sorte de reflet et de répondant rythmique. Pas de reprise de Nick Drake cette fois-ci (l’univers du troubadour mélancolique avait pris une telle place chez Mehldau dans les précédents albums qu’on en est presque un peu étonné), mais une série de compositions toutes réussies, traversées par des éléments mélodiques et harmoniques récurrents, toujours développées avec une époustouflante imagination. Le fanatique sera peut-être un peu décontenancé de retrouver le trio de Mehldau première mouture, mais le niveau d’excellence atteint ici, bien qu’il n’étonne pas, rendrait inexcusable de passer à côté.