Chaque nouvelle production du duo Autechre est désormais très attendue, puisqu’ils ont créé un langage qui leur est propre, une voie unique dans la musique électronique. Ce cinquième album utilise les mêmes principes que les précédents : rythmes complexes et destructurés -ou accumulation extrèmement bien structurée de rythmes simples ?-, lambeaux de mélodies (de retour dans ce nouvel album), et du son partout, divers, accumulé, concassé, comme du Pierre Schaeffer hip-hop. Quelques curiosités dans ce nouvel AE : Melve, comptine d’une minute ; Fold4, wrap5 tentative pour un morceau balnéaire qui ne commence jamais ; Calliper remote : c’est rigolo d’entrechoquer des tôles dans le désert ; Arch carrier, electro lyrique et nostalgique (le premier morceau d’Autechre avec des violons ! Un peu comme le Aphex Twin/Philip Glass); Drane2 et ses 23 minutes de tristesse contemporaine (dont 12 silencieuses). Et enfin le génial Vose in, proche du maxi Garbage et condensé de tout ce qui fait le génie du groupe : l’agonie des machines, c’est la nôtre. Derrière tout cela plane parfois l’ombre de Richard James, pour un album plus varié que les précédents donc presque inégal : moins percutant que Tri repetae et plus accessible que Chiastic Slide, soleil d’acier de leur discographie irréprochable. La pochette est un peu décevante : les boitiers noirs anonymes, on a déjà vu ça chez d’autres. Mais cela convient bien à leur recherche d’une abstraction toujours plus forte.
A signaler : la sortie, uniquement sur format MiniDisc d’un autre album sous leur pseudonyme de Gescom. Pas écouté, on a lu qu’il était meilleur, en tout cas plus proche de l’électro acoustique. Autechre : le seul groupe de techno qui plaît aux fans de Luc Ferrari, DMX Krew, Current 93 et Laurent Garnier en même temps. Et à tous ceux qui veulent écouter un truc incroyable.