Comment vous dire ? Richard James est un petit génie. Son nouveau maxi est une merveille, comme d’habitude. Trois titres qui, une fois encore, placent la barre assez haut dans le petit monde de la musique électronique -mais pas seulement. Car tout le monde connaît Aphex Twin. Récemment, Richie a fait pour la première fois la couverture du NME, accédant ainsi (ce qui a dû beaucoup l’amuser) au statut de pop star de la semaine. Dans l’interview qui suivait, il expliquait avec son détachement et son humour habituels que sortir des disques sur un label lui semblait dépassé, et qu’il se verrait bien mettre tous ses morceaux en MP3 en libre accès sur Internet… (mais rassurez-vous, fans de tous les pays, il a encore contractuellement deux albums à rendre à Warp !). Et les morceaux ? Windowlicker s’adresse peut-être à tous les suceurs de fenêtres Windows que nous sommes, il n’en reste pas moins un excellent divertissement, avec juste ce qu’il faut de malsain pour en faire un tube décalé à base de voix tordues copyright Aphex et d’electro pourrie, façon terriblement post-moderne de violer le funk une bonne fois pour toutes. On croirait parfois entendre Mike Paradinas, du scratch, des ondes, des nappes, des cliquetis, des arythmies, bref : du bonheur digital pur, un orgasme trop court. Et puis, elle aime faire des craquettes au chien (prix du meilleur sample de l’histoire de la musique) !

Le second morceau (intitulé comme une formule de maths) fait la nique à Bernard Parmeggiani (eh oui, c’est la mode de citer les papes de l’electro-acoustique française dès qu’il s’agit de techno, mais Richard rafraîchit tellement le genre), en plus brutal bien sûr. Terrifiant. Une trouvaille sonore à la seconde. Les deux petits gars d’Autechre peuvent aller se recoucher. Enfin, Nannou est une comptine à partir d’un petit xylophone et d’un réveil, mignon, inquiétant, cristallin, nostalgique et triste. Subtil et humain, ce genre de morceau, c’est aussi et surtout Aphex Twin. Ajoutez l’inénarrable Chris Cunningham aux visuels (évidemment, la vidéo est incroyable), ajoutez que ces trois morceaux datent d’un an (on aimerait savoir à quoi ressemble ses morceaux d’aujourd’hui !) et demandez-vous : qui est Richard D. James ? Un type insaisissable, hyper doué, charismatique, subversif et fumiste : simplement le genre de héros dont beaucoup d’entre nous ont besoin. Windowlickin’ culture !