Roboratif programme que celui de cette Carte blanche offerte à André Ceccarelli et dûment remplie : deux disques, une pléiade d’invités dont la seule énumération pourrait tenir lieu de compte-rendu convaincant et, surtout, un parcours musical éclectique et vivant où, de la pop au standard et du studio au club, le batteur niçois et ses compagnons n’écartent aucune de leurs envies. C’est d’ailleurs sur une reprise du tube de Lou Reed, Walk on the wild side (où l’on découvre une chanteuse parfaitement inconnue, Stephy Haik, « découverte par hasard sur Internet »), que commence la première galette, captée dans différents studios au cours du deuxième semestre de 2003 ; les trios se suivent sans se ressembler, les guitares de Sylvain Luc et Bireli Lagrene succèdent à l’accordéon de Richard Galliano ou à celle de John McLaughlin (rejoint par l’orgue de Benoît Sourisse pour un Tones for Elvin qui constitue l’un des meilleurs moments du disque), Baptiste Trotignon propose une Pop song élégante au groove dandyesque, Enrico Pieranunzi médite sur Le Songe d’une valse avec Rémy Vignolo et Ceccarelli : on n’en finirait pas de commenter les douze pistes de ce patchwork sans temps mort, propulsé par les baguettes versatiles du maître d’œuvre. « L’enregistrement de ce double disque fut pour moi un voluptueux souci », explique le batteur. « Il m’a demandé plus de six mois de travail. C’est pour moi une fierté d’avoir pu rassembler autant d’amis pour cette carte blanche ».

Plus conventionnelle dans sa construction et son atmosphère, la seconde galette, enregistrée au Duc des Lombards en juin 2003, n’en réserve pas moins son lot d’excellents moments : deux standards de Miles Davis (All blues et Solar) avec Luc ou Trotignon, une formidable Javanaise en guise de conclusion, la trompette de Flavio Boltro et le saxophone de David El-Malek et, last but not least, une fournée de solos de batterie qui réjouiront les aficionados de la cymbale en général et les admirateurs du musicien français en particulier. La présence de la famille Ceccarelli au grand complet (Jean, le père, Jean-Paul, le frère, Régis, le fils) sur le morceau d’ouverture achève de faire de cette Carte blanche aux allures de festin musical une fête colorée et réjouissante, tant pour l’indispensable Ceccarelli que pour le jazzfan.