Depuis quelques mois, Elisabeth est bénévole dans un centre bouddhiste, chargée d’accueillir les « méditants » qui viennent effectuer une retraite de 10 jours, de préparer les repas, etc. L’ambiance est à mi-chemin entre le camp militaire et la secte baba-cool, avec des horaires matinaux et des règles rigoureuses : aucune mixité, pas de relations sexuelles, etc. Un jour, dans une chambre, elle tombe sur le journal intime d’un méditant masculin, et commence à lire. C’est le début d’un ébranlement et d’un vaste reflux de souvenirs qui dérèglent sa vie réglée et bien soumise…

Il y a du bon et du moins dans l’œuvre de Tim Parks, 60 ans cette année, et il n’est hélas pas sûr que ce nouveau roman au titre retentissant (la VO, The Server, est quand même plus sobre mais, vu la première phrase, l’éditeur aurait eu tort de se priver : « Le sexe est interdit au Centre ») soit à ranger dans la meilleure boîte. Les premiers chapitres sont prometteurs, avec le potentiel comique du centre bouddhiste, ses séances de méditation obligatoires et ses directeurs vaguement illuminés. Le revers de la médaille, c’est que Parks échoue à éviter l’enlisement dans le huis-clos, faute de personnages secondaires assez denses pour aérer un peu la confession d’Elisabeth.

Celle-ci en aurait pourtant bien eu besoin, vu qu’en dépit de la maestria de l’auteur elle présente tous les défauts inhérents au flux de conscience – sauts de puce entre présent et passé, ruptures de ton incessantes, effets appuyés, etc. On s’accroche au fil avec un intérêt poli, en admirant vaguement la façon dont Parks utilise le thème de la méditation pour pénétrer dans l’esprit de son héroïne, puis on lâche prise, un peu perplexe devant tant de sinuosités virtuoses et vaines.

Traduit de l’anglais par Isabelle Reinharez.