Houellebecq. Evacuons-le, ce sera fait : Flammarion publie Soumission, nouveau roman de Michel Houellebecq, qui depuis plusieurs semaines fait couler de l’encre – quel est le titre, quel est le pitch, parle-t-il vraiment d’Islam, etc. Non, on ne l’a pas encore lu. Oui, on en parlera. A moins qu’on laisse ce soin à d’autres, puisqu’il est d’ores et déjà parti pour truster toutes les unes de tous les canards pendant un mois.

Booker. Le retour du grand roman-fresque ? La néo-zélandaise Eleanor Catton a remporté le Booker Prize en 2013 pour les Luminaires, belle et épaisse saga façon XIXe siècle, traduite chez Buchet-Chastel. Dans un registre similaire, on s’offrira aussi Nous ne sommes pas nous-mêmes de Matthew Thomas (Belfond), pavé qui traverse 60 ans d’histoire américaine, fruit de dix ans de travail.

Parapluie. Vous attendiez des nouvelles de Will Self ? Patience. En février, l’Olivier publiera Parapluie, premier tome d’une trilogie, euh, disons, joycienne, où l’auteur des Grands singes réactive son vieux personnage de Zack Busner et, aussi, la vieille tradition du flux de conscience.

Guenassia. Après le carton de son Club des incorrigibles optimistes, Jean-Michel Guenassia continue dans le bon roman populaire avec une invraisemblable histoire de soldat anglo-pakistanais qui ne cesse de tromper la mort dans des décors exotiques. Le titre ? Trompe-la-mort, justement (Albin Michel).

Merle. Découvert à la rentrée 2013, Loïc Merle revient avec un deuxième roman dont tout le monde parle : Seuls, invaincus (Actes Sud). Beau titre. Quant au roman…

Pit-bull. Le genre d’animal dont on n’aime guère qu’il vous course sur un parking. Pour en savoir plus, lisez le beau recueil de nouvelles de Russell Banks, Un membre permanent de la famille (Actes Sud).

Journal. Les lecteurs de Causeur ont déjà lu des extraits du journal inédit de Philippe Muray. Le premier volume (six sont prévus) sort le 15 janvier aux Belles Lettres, dans une édition d’Alexandre de Vitry.

Gass. William Gass a 90 ans depuis le 30 juillet dernier, et Chro le fera parler pour vous à l’occasion de la parution en février de son nouveau – et sans doute dernier – grand roman, Le Musée de l’inhumanité (Cherche-Midi), traduction de Claro. A suivre.

Justine. Le petit roman people de la rentrée : Justine Lévy, ex-de, fille-de, raconte les aventures d’une fille qui lui ressemble dans La gaieté (Stock). Ce n’est ni bien, ni mal écrit, ni intéressant, ni ennuyeux, ni rien, en fait. Ca fera parler.

Vonnegut. Elle est pas belle, la vie ? Le titre, certes, n’est pas terrible. Mais comme il s’agira des conseils de Papy Vonnegut aux jeunes cons que nous sommes, on n’oubliera pas de le lire (Denoël).

Fénéon. Bizarrement, ce sont souvent les Anglais qui parlent le mieux de la France. Ca se vérifie avec Par la fenêtre de Julian Barnes (Mercure de France), splendide recueil de textes sur la littérature, notamment française, de Flaubert à Fénéon (et Houellebecq), mais aussi anglaise, d’Updike à Orwell.

Rimbaud. Non, ce roman ne parle pas de Rimbaud, mais du « Rimbaud des mathématiques » : Evariste (Gallois), par François-Henri Désérable (Gallimard), repéré pour Tu montreras ma tête au peuple. Il avait obtenu, dans sa jeunesse (pas si lointaine), le Prix du Jeune écrivain, qui a par la suite récompensé le vénézuélien Miguel Bonnefoy. Celui-ci fait son entrée avec un livre attendu, Le Voyage d’Octavio (Rivages).

Sexe. Il y en a chez Philippe Adam (Les impudiques, Verticales), mais aussi chez Bertrand Leclair (La Villa du jouir, Serge Safran). Chut !

James Dean. Recette de best-seller : 1° un héros véritable (James Dean, donc) 2° un truc d’écriture (une trentaine de témoignages, roman choral, etc.) 3° Philippe Besson. Succès garanti sur facture.

Tom Sawyer. Oui, une rentrée, c’est aussi l’occasion de relire de grands anciens. Mark Twain, par exemple, dans cette réédition chez « Bouquins » (Laffont) de son Tom Sawyer.

L’Accident de téléportation. C’est le meilleur titre de l’hiver, et l’un des romans les plus drôles : on découvrira l’Anglais Ned Beauman avec cet OVNI postmoderne décapant et parodique, de Berlin à L.A. dans les années 1930 (Losfeld).

Matzneff. Deux livres de Gab’ la rafale au programme : un tome de son journal, un roman. Et une interview à lire prochainement ici.

Course à pied. Il court, il court, le héros du nouveau roman de Cécile Coulon (Le cœur du pélican, Viviane Hamy). Bon cru, après la petite déception de sa dystopie, Le Rire du grand blessé.

Chesterton. Belle année en perspective pour les amateurs du grand Gilbert : L’homme à la clef d’or, son autobiographie, ressort le 23 janvier aux Belles Lettres, et on annonce la première bio française d’ici peu de mois, par François Rivière… Patience.

Imposture. L’une des plus célèbres aux Etats-Unis ces dernières années fut celle de Clark Rockefeller, faux membre de la grande famille et vrai assassin. L’écrivain Walter Kirn s’y est laissé prendre, il raconte ça dans un passionnant romanquête, Mauvais sang ne saurait mentir, en février (Bourgois).

Ogre. Aventures dans l’irréalité immédiate est un drôle de livre, écrit par un certain Max Blecher, mort en 1938 à l’âge de 29 ans, et sorti de l’oubli en 2013 grâce au Prix Nocturne. Cette étrangeté venue de l’Est et du passé sera la première des deux parutions d’une nouvelle maison, L’Ogre, l’autre étant Quelques rides, de Fabien Clouette. Pour Blecher, préface de Claro. Longue vie.

Mais aussi. Virginie Despentes, Denis Johnson, Imre Kertesz, Marylinne Robinson, Ernst Jünger, Noémi Lefebvre, Estelle Nolet, George Pelecanos, Grégoire Pollet, Philippe Sollers (si), et pas mal d’autres dont on vous parlera au long des semaines à venir. Bonne année.