« Il oublie l’heure d’été : la bombe explose trop tôt ». « Mulhouse : un TGV entre en gare avec un cadavre encastré à l’avant ». Non, ce ne sont pas les titres imaginaires d’un journal inexistant : ces manchettes ont paru dans la vraie presse au cours de l’année 2013. Adrien Gingold les a collectionnées pour les publier sur un blog fort couru, aujourd’hui transformé en livre-objet par le Tripode, avec le concours du graphiste Oskar qui a mis ces phrases en couleurs et en page (en employant, nous précise-t-on, le caractère Stencil, créé en 1938 par Robert Hunter Middleton, souvent utilisé sur les affiches militantes, ainsi qu’en matière industrielle et militaire). Au premier degré, c’est très drôle, et on parcourt les 136 pages avec le sourire aux lèvres. Au deuxième degré, c’est un panorama par la bande de l’état du monde aujourd’hui et des trucs pas possibles qui s’y déroulent (« 35 employés de Disneyworld arrêtés pour pédophilie »), soit une vérification par l’exemple du fait que le monde est fou. Aux troisième, quatrième et énième degrés, ce sera ce que vous voudrez. Un recueil d’exercices littéraires, par exemple. Voici une idée : écrire une nouvelle de trois pages sur le thème de chaque manchette sélectionnée. En fait, c’est si évident que l’éditeur y a pensé : il organise un concours, vous avez jusqu’au 31 décembre pour lui envoyer vos travaux (à gagner : des livres du catalogue, ce qui n’est pas mal). Une dernière : « Un château gonflable s’envole à 60 mètres de haut avec deux enfants à l’intérieur ». Le monde est fou, mais poétique, aussi.