Les Chroniques martiennes comptent parmi les chefs-d’oeuvre de la science-fiction. Parues entre 1946 et 1950 dans diverses revues américaines, ces nouvelles sont aujourd’hui augmentées d’un dossier analytique et surtout deux chroniques inédites de Ray Bradbury. Structuré comme un roman, ce recueil offre de courts textes de liaisons entre ces nouvelles et un jeu de correspondances où les personnages se retrouvent dans chacune d’entre elles.
Si la force de ce livre tient essentiellement à l’ambiance étrange et poétique qui se dégage de l’écriture rêveuse et nostalgique de l’auteur, sa puissance de dénonciation des travers de la société américaine n’en reste pas moins actuelle : racisme, violence et destruction sont l’apanage de toute société de surconsommation obligée.
On pourrait également s’interroger sur les raisons de la mise à l’écart des deux nouvelles restées inédites jusqu’à l’édition américaine de 1990, et que l’on retrouve dans ces deux volumes. La première évoque la confrontation d’une délégation de l’Eglise avec les martiens. La seconde parle de la migration des femmes, une fois les hommes installés sur la planète – et l’on s’interrogera ici sur la manière dont l’auteur met en scène les femmes, et leur rôle dans la colonisation de Mars.
Dans les années 50, Bradbury fit office de précurseur avec des récits poétiques et oniriques. De nos jours, le message dénonciateur de ses Chroniques demeure toujours aussi virulent.