Il ne faut jamais vendre la peau d’un inspecteur avant de l’avoir trouée. Cette citation détournée de l’ouvrage de Jean-Hugues Oppel pourrait résumer à elle seule toute la pugnacité de l’inspecteur Novembre, héros (et victime) bien malgré lui de cette enquête aussi rocambolesque qu’effrayante. Démarrant de manière toute classique sur un meurtre inexpliqué, elle se révèle très vite d’une réelle complexité -celle-ci est contrebalancée par la limpidité du style et le rythme mordant imprimé au récit. Au milieu de ce jeu où se mêlent manipulation et réseaux d’influences secrets, quelques hommes sans scrupules se livrent à un trafic nauséeux. Couverts par des mains invisibles, ils accèdent avec une facilité déconcertante à leur but : opérer, en toute impunité, un trafic d’organes. Personnage constamment rattrappé par un passé douloureux, Novembre se laissera berner par le jeu de ses poursuivants (ces derniers possèdent toujours un coup d’avance sur lui), précipité dans ce cyclone infernal jusqu’au dénouement de l’intrigue. Fin de siècle obscure, où contrairement aux apparences, les documents nous manquent ; fin de siècle caractérisée par des turbulences où l’emprise de la mort est omniprésente : une société a toujours les crimes qu’elle mérite. Et parfois de remarquables romans pour rendre compte de cette sombre réalité. Car c’est ici une leçon de style plutôt qu’une leçon de morale qu’il faut attendre de cette œuvre traversée par un souffle puissant.