Trois personnages, trois trentenaires, trois visions de la même aventure, loufoque autant qu’initiatique. Vittorio, le violoncelliste génial hypocondriaque et phobique ; Francesca, vétérinaire stagiaire, sa compagne depuis dix ans, qui le trompe et cherche comment bien le quitter ; Manue, leur bonne copine, monitrice d’auto-école le jour, gogo-danseuse la nuit, tout juste échappée de chez un copain violent en embarquant au passage un petit Keith Haring.

 

Quand ces trois là se retrouvent à bord d’une vieille Fiat Punto d’auto-école (les doubles pédales ont leur importance dans le récit), on se lance dans une traversée de l’Italie, Turin direction Bari, sous de bien curieux auspices. Ivan, l’homme au tableau, appuyé par un doberman féroce, se lance à la poursuite du trio. La neige se met de la partie. Un vieillard savoureux, raconteur d’histoire, profite de la nuit pour vider les poches. Un château fantomatique se dresse au sommet d’une falaise. On fêtera des mariages au bord de salines enneigées.

 

Les voix de Vittorio, Francesca et Manu s’entremêlent, se faisant confessions, défouloirs, espace de l’intime, de l’introspection. Enrico Remmert enfile ces moments de récit sans perdre le rythme, enchaînant les rebondissements avec un sens du timing minutieux ; on croirait la vraie vie. On passe de la farce au drame sans se perdre, à travers une galerie de portraits soignée. C’est léger, enlevé, en mouvement. Le regard posé sur cette jeunesse un peu perdue va s’attendrissant, oscillant entre états d’âmes, questions existentielles, problématiques triviales, sans jamais se départir d’une bonne dose d’humour, d’un soupçon de causticité. C’est une vision de l’Italie, fraîche, revigorante, rêveuse aussi. A goûter sans modération.

 

(Traduit de l’italien par Nathalie Bauer)