Avec des antécédents bretons, Anatole Le Braz pouvait mieux que quiconque comprendre cette terre d’élection qu’est l’Irlande. Accueilli comme seul un français peut l’être, c’est-à-dire avec enthousiasme (on ne peut en dire autant des anglais ou des allemands, gentiment rabroués dans ces pages pour leur conduite suffisante), il prit note durant son séjour (ce qu’il appelle ses Impressions) du « miracle irlandais » : la supériorité morale de ce peuple, son manque d’intérêt pour la marchandise, son goût pour la musique, bref, un certain art de vivre -et de mourir- comme il ne s’en rencontre plus en Europe. Brillant conférencier (cette conférence fut donnée en 1913 devant la Société Géographique de Lille), il restitue l’âme d’un pays qui, à l’aube de la Première Guerre mondiale, éloignée du danger qui couvait, continue à s’attacher à des choses aussi dérisoires -donc essentielles- que la confection de bons Whiskey, leur consommation, la contemplation de paysages idylliques, etc. Ainsi, une passerelle était jetée entre la Bretagne et l’Irlande. De nos jours, elle n’a toujours pas rompue. Ce bonheur est rare entre deux nations. Il mérite d’être souligné.