Le vieux rêve de l’arcade à la maison ne subsiste que pour une poignée de collectionneurs, amateurs de shmup et autres professionnels du VS investissant dans des bornes encombrantes. Pour les autres, le temps où la salle était encore un lieu forain, tapissé de jeux entretenant un écart technologique et de désir entre l’espace domestique et public, est terminé. L’arcade ne fait plus rêver, l’évolution des consoles de salon l’a rattrapé, une certaine radinerie aussi. Le bilan date un peu, on n’apprendra rien à personne, même le touriste est au courant. Pourtant, quoique exténuée la machine tourne encore, pour alimenter le marché asiatique qui a le jeu dans l’âme, ce qu’il reste de nos Luna Park, ou les multiplexes, bastion d’une certaine idée de l’Entertainment tout-en-un made in USA. Dans ces nouvelles salles où le jeu est une parenthèse, du film, on peut encore jouer, sur borne, par exemple à Time crisis. Le rail shooter a toujours été le terrain privilégié de l’arcade, rarement les consoles n’ont proposé des titres originaux qui ne soient pas des portages. Question de configuration (les guns), que la Wii fit tomber pour de bon, et que le récent PS Move semble lui aussi vouloir prolonger. Pour preuve cette compilation Time crisis, intitulée Razing storm parce que comprenant la dernière mouture du rail de Namco, mais également le précédent opus (Time crisis 4) et le méconnu Deadstorm pirates.

On ne détaillera pas le menu des jeux, la formule est acquise. De Razing Storm on peut toutefois dire que son énergie folle est à la hauteur d’une ambiance dégénérée, croisement entre MGS et Modern warfare, à mitrailler des nuées de terroristes arabes au milieu d’une pluie de mecha. C’est intense, métal, bourrin et dur, à condition de ne pas multiplier les continue. Le jeu est court mais propre, carré, dopé par une mise en scène tourbillonnante. Namco montre son savoir faire en la matière. Il ne prétend pas à l’originalité, seulement la maitrise. Et là dessus Razing storm ne déçoit pas. En regard, Time crisis 4 ayant déjà connu une adaptation sur PS3 est plus faible. Toutefois, avec son système d’armes multiples et une difficulté harassante, le jeu demeure un épisode solide. Mais la véritable surprise de cette compilation vient de l’outsider Deadstorm pirates. Cette relecture sur rail de Pirates des Caraïbes n’est pas la plus riche en terme de gameplay (pas de système de couverture, munitions illimitées, le jeu se base purement sur les réflexes et la vitesse). C’est pourtant le titre le plus stimulant, par son univers coloré, ses décors exotiques, son folklore de série B, sa mise en scène ultra dynamique, et surtout sa cohérence. En renouant avec les origines des films de Gore Verbinski, son attraction Disney, Deadstorm pirates opère un joli retour aux sources de l’arcade (et du cinéma en passant) : sa dimension foraine. Il manque la foule, le bruit, les odeurs de cigarette et les lascars, mais c’est déjà pas si mal.