Fallait-il vraiment ressusciter Star Wars Battlefront ? Dix ans après les jeux du feu studio Pandemic, et un mois avant la sortie en salles de l’épisode VII, le retour de cette guerre des étoiles en multijoueur a quelque chose de désuet et un peu vain. Remis en selle par DICE (Battlefield), le jeu avait pourtant à ses manettes un studio au savoir faire aguerri dans le genre. De trailer en beta, il avait suggéré un retour à cette grande baston décomplexée qui avait fait le succès du jeu à son époque. Sauf que, tout compte fait, 2004 c’est loin, la PS2 est bien rangée, au chaud, et c’est pas plus mal ainsi.
Battlefront est un jeu multi, un point c’est tout. Inutile d’espérer un quelconque embryon d’histoire, qui ne sert qu’à poser le bref contexte des batailles. Si solo il y a, il consiste en des missions de survie et quelques modes qu’il vaudra mieux jouer en coop. Plat de résistance, ce multi est un pot pourri reprenant l’ordinaire du FPS, combiné à des variations en tous genres jonglant avec les personnages ou engins emblématiques de la saga. Partir à l’assaut des AT-AT à pieds ou aux commandes d’un Snowspeeder sur la planète Hoth ; zigzaguer entre les arbres de la forêt d’Endor à dos de Speeder ; endosser son costume de rebelle pour aller dézinguer les soldats de l’Empire dans les canyons de Tatooine (ou l’inverse) ; piloter un X Wing dans des dogfights au rendu visuel plus proche que jamais des films de Lucas, tout ça avait de quoi vendre du rêve. On peut être blasé ou désintéressé de Star Wars, lessivé d’avance par le rouleau compresseur médiatique des futurs films, la technique dernier cri de DICE associée à l’univers de la licence et quelques espoirs de gameplay poussaient à la curiosité, quand-même.
On déchante vite : feeling de jeu avec peu de marge de progression et souvent mal équilibré voire insipide, cartes réussies mais aux environnements recyclés à outrance (4 planètes, pas plus), quelques modes de jeux sympathiques au milieu d’une ribambelle d’autres d’une paresse hallucinante, on se retrouve vite à épuiser les mêmes parties, et ainsi à faire le tour du jeu. Jouer avec les figures emblématiques des films (Solo, Skywalker, Vader etc.) permet de varier le plaisir des pouvoirs (super-saut, attaque à distance, contre au sabre laser…), mais le principe enlève toute cohérence à l’univers, à force de voir mourir 30 fois dans la même partie des clones de Leïa ou Bobba Fett. On ne peut en vouloir complètement au jeu de creuser un sillon qui était celui d’origine, mais rien n’interdisait de diverger, d’éviter le remplissage, ni de donner au jeu plus d’énergie, tellement malgré la frénésie des parties, il est souvent plat. Devant un tel feu d’artifice technique (jamais les planètes de Star Wars n’ont paru si réelles), on regrette que DICE n’ait pas transformé Battlefront en un vrai jeu d’action solide, relisant la première trilogie avec amour sans renier le sien pour le multijoueur. Au lieu de ça, le studios suédois accouche d’une ersatz masqué de Battlefield. D’un jeu sans personnalité et qui jusque sur le front du FPS, pourtant sa spécialité, fait un peu de la peine face à Halo 5 ou encore Destiny.
Reste ce petit effet coffre à jouets, ces parties joyeusement bordéliques où l’on déplace ses personnages comme autrefois nos figurines et vaisseaux. Sympathique, mais rien qui ne soit à la hauteur du mythe ou de nos souvenirs sur la durée. À chaque jeu Star Wars, pourtant nombreux, le rêve des films remonte à la surface – comme si ceux-ci, à l’époque de la première trilogie, contenaient une certaine utopie du jeu vidéo. Il faudra peut-être, sans doute, attendre la lecture de Visceral Games (Dead Space) conçue avec Amy Hennig (célèbre pour son travail sur Uncharted) pour l’atteindre. On ne sait quand, mais bientôt, quand le monde vivra dans l’attente de deux nouveaux épisodes ou d’un spin off. Il faudra alors juste ne pas en avoir complètement marre, de Star Wars.
Comme ça saoule sans « les tops et les flops » de l’année de chaque catégories! Obligé d’attendre le H-S de l’année des inrocks pour être sûr de ne pas se gaufrer pour choisir son petit jeu vidéo déjà si chronophage par essence!