Voilà : Sony s’est pris sa bonne grosse fessée médiatique. Désormais on peut oublier toutes les levées de bouclier et se focaliser sur l’essentiel : les jeux. Les BONS jeux, qui arrivent au compte-gouttes, lentement mais sûrement. Pas encore la révolution ludique espérée, simplement des jeux valables qui vont enfin sortir les PS2-gamers de leur torpeur. Après une très belle version de Dead or alive 2, voici donc SSX qui vient tirer le niveau de la ludothèque PS2 vers le haut. Pas bien difficile, c’est certain. Oui mais voilà, pour une fois, pas d’effet d’annonce bidon avec grosse déception à l’arrivée, SSX est une bombe réelle, qui exploite enfin ce que la dernière née de Sony a dans les entrailles.

Pourtant, ça n’est apparemment qu’un jeu de snowboard. Voire qu’un jeu de course, l’aspect simulation étant minimisé au profit d’un « total fun » axé arcade. Dès les premiers échauffements, on sent bien qu’on n’est pas dans Extreme Sports. Ici, pas de décors écolo-bucoliques mais des pistes techno-futuristes aux tracés délirants qui rappellent étrangement l’univers de WipeOut. Sauf que, dans SSX, on ne pilote pas des bagnoles de marque ou des vaisseaux du énième millénaire, mais une flopée multinationale de djeunz branchés subculture et têtes à claques juchés sur leur planche de bois aérodynamique. Et ça change pas mal de choses au niveau de la maniabilité… Pour arriver au bout de la course, il ne faut pas seulement foncer comme un malade, doubler et pousser ses adversaires, repérer les raccourcis. Il s’agit également d’exécuter le plus d’acrobaties possibles -des tricks- pour booster son niveau d’adrénaline et augmenter sa vitesse de pointe. Soit, surfer sur des rails, faire l’intéressant lors des sauts à grand renfort de grabs, de flips, puis combiner le tout pour engranger le plus de points. Le nombre de possibilités est effarant, chaque rider disposant d’une cinquantaine de tricks à débloquer, les plus difficiles vous permettant d’acquérir de nouveaux équipements.

Mais au-delà des limites de son propre genre, si SSX étonne, c’est surtout parce qu’il a su emprunter à droite et à gauche les meilleures idées de game-design de tout ce qui s’est fait de mieux en matière de jeux vidéo jusqu’à présent. L’ambiance de WipeOut donc, les innombrables tricks qui rappellent les combinaisons de touches des jeux de combat… Sans parler du système de déblocage progressif des éléments à la Gran Turismo qui élargit considérablement son espérance de vie malgré le peu de pistes disponibles (6 + 2 cachées). Surtout, l’intégration plus surprenante d’éléments RPGs qui permettent à vos riders de progresser petit à petit. Chaque victoire vous fait gagner des points d’expérience, à répartir sur chaque caractéristique -vitesse, stabilité, trick, etc.- de votre personnage qui devient de plus en plus apte à récolter de meilleures médailles et optimiser ses performances. Bref, il n’y a vraiment que la difficulté parfois rédhibitoire de certaines courses qui risquent de vous faire décrocher de SSX.

Pour enrober son jeu « quasi total », EA n’a pas fait les choses à moitié. Les graphismes sont proprement hallucinants, textures, effets lumineux, modélisation des joueurs et des pistes rivalisent de beauté. Côté animation, c’est un tout petit peu moins glorieux, mais les petites saccades se font vite oublier dans le feu de l’action. C’est vrai, à force de compiler du déjà vu visuel et du déjà joué ludique, SSX est un peu moins novateur dans le genre arcade qu’un Jet set radio par exemple. C’est tout de même, indubitablement, un indispensable de la ludothèque PS2, qui relève enfin la tête après un démarrage poussif et calamiteux.