Ere du clonage oblige, pas une semaine sans la sortie d’une copie certifiée conforme des grands concepts qui ont fait le succès de quelques titres phares. Sous le cellophane, difficile de faire la différence entre l’original et la copie tant les éditeurs sont devenus des maîtres dans l’art de réchauffer les plats et de les présenter comme des produits révolutionnaires. Chez Shiny Entertainement, concepteur haut de gamme de MDK et Messiah, on a décidé de s’attaquer aux racines du mal et de réussir le croisement improbable entre les mondes d’heroic fantasy des RPG et les modes propres aux STR dans la lignée d’un Starcraft. Une véritable réussite.

Dans un monde entièrement modélisé en 3D, vous incarnez un magicien extraterrestre aux pouvoirs multiples, offrant ses services aux cinq dieux indigènes qui s’affrontent dans une guerre fratricide. Le choix du camp induit comme d’habitude la prééminence de certaines caractéristiques tant physiques que spirituelles : s’engager auprès du dieu des enfers augmente votre pouvoir de destruction tandis qu’une alliance avec la déesse de la nature favorise les facultés curatives. Si votre maître ne vous satisfait pas, nul besoin de recommencer le jeu depuis le début : chacune des dix missions vous propose la possibilité de changer de big boss.

Dans la longue tradition des simulations en temps réel, Sacrifice transplante le mode collecte des ressources dans cet univers aux graphismes baroques et tortueux. Ici, pas de minerais à récolter, ni d’usines d’armement lourd à construire, mais de l’énergie vitale (la mana) à récupérer sur des geysers. Celle-ci donne naissance à une armée d’étranges créatures dignes des rêveries tolkiennes. Trolls, nains, êtres difformes en tous genres et dragons miniatures constituent la chair à canon qu’il vous faut mener à la victoire. L’innovation majeure de Sacrifice réside dans la combinaison de toute la mythologie propre aux RPG au monde du STR : il est possible grâce à un rituel de récupérer et de recycler l’âme d’un défunt qu’il soit allié ou ennemi. Ainsi, en perdant une unité, on accroît dans le même temps les effectifs de l’ennemi. Ce qui complique la gestion des forces en présence, mais rend les parties plus excitantes. Mieux encore : la mort de votre magicien n’entraîne pas la fin de la mission mais le transforme en une âme errante susceptible d’être réincarnée, apte à diriger ses unités. Bref, les campagnes sont d’autant plus complexes et intéressantes que les paramètres sont diversifiés et complémentaires.

La gestion à la troisième personne façon Evolva s’avère relativement aisée et entièrement paramétrable : les adeptes du genre retrouveront sans aucun problème les touches de raccourcis adéquates. Les novices, eux, découvriront si besoin est une aide précieuse dans une mouche aux allures de mentor. Les mouvements de la caméra suivent au doigt et à l’œil les ordres du joueur, que celui-ci souhaite zoomer sur une bataille lointaine ou suivre les fuites apeurées des autochtones. La réalisation graphique et sonore est sans conteste de grande qualité et contribue pleinement à une immersion totale du joueur tant les effets d’ambiance ont été travaillés. Sûr que prononcer en spoken words une incantation devant un geyser de mana tandis que la bataille fait rage provoque son petit effet jubilatoire.

Face aux armées de clones qui inondent le marché, Sacrifice réussit largement son pari d’apporter une bonne dose d’innovation dans le genre. De quoi succomber une fois de plus aux charmes de la collecte de ressources combinée aux sortilèges moyenâgeux.