Bethesda élargit sa cible. Avec ce Redguard, n’importe quel joueur pourra goûter aux joies du monde d’Elder Scrolls. Plus rien à voir avec les précédentes réalisations (Arena ou l’indispensable Daggerfall), puisque du JDR pour joueurs avertis, on passe au jeu d’aventure 3D classique. Et non pas à « une nouvelle ère dans l’univers du loisir interactif », comme l’indique exagérément le communiqué de presse. Redguard n’apporte absolument rien de plus que Dark earth par exemple…

Bethesda, c’est connu, excelle dans la création de scénarii particulièrement bien léchés et fouillés. Redguard a beau être plus abordable que les productions maisons précédentes, il n’échappe pas à cette volonté. Tant mieux. Vous êtes Cyrus, mercenaire Redguard. Alerté par une vieille connaissance, vous rentrez au pays pour retrouver votre sœur, Iszara, mystérieusement disparue. A peine débarqué sur Stros M’Kai, deux pirates de la Ligue des infatigables vous tombent dessus pour vous faire la peau. Trop sympa l’accueil ! Une fois arrivé en ville, l’ambiance est certes plus soutenable, mais c’est loin d’être aussi joyeux qu’autrefois. Les premiers quidams rencontrés vous présentent rapidement l’état de la situation : le gouverneur Richton, sinistre individu, a fait le ménage dans le vieux quartier de la ville. Depuis qu’il est à la tête de Stros M’Kai, il impose sa loi martiale et plus personne n’ose broncher. Iszara, qu’on a vu une dernière fois s’opposer aux forces du gouverneur, est probablement considérée comme un ennemi de l’Etat. Peut-être a-t-elle déjà été capturée… et exécutée ? Pas sûr du tout si l’on s’en tient aux rumeurs. D’autant que la miss semble être plus ou moins associée à cette curieuse Ligue des infatigables… Autant vous mettre tout de suite au parfum : à Stros M’Kai et dans tous les environs visités en cours de partie, il vous sera bien difficile de faire la part du vrai et du faux parmi les informations recueillies. Tout l’intérêt du jeu réside précisément dans cette course à la vérité, chaque personnages ayant sa version des faits, son propre avis et… ses intérêts à préserver ! Cette aventure constitue en ce sens une véritable enquête policière chez les pirates.

Mais pas seulement. Outre l’aspect purement conversationnel -on retrouve le bon vieux système de QCM, certains personnages sont vraiment trop bavards et répétitifs…-, Redguard met à mal vos cellules grises par le biais de courtes épreuves de réflexion, façon puzzles ou casse-têtes chinois. Et vos réflexes puisque certaines parties du jeu imposent de grimper à la corde, de sauter de plate-forme en plate-forme. Hélas, impossible de faire l’impasse sur les maintes faiblesses techniques du jeu, carrément fâcheuses et contraignantes. De ce point de vue, les amateurs de Daggerfall ne seront pas totalement dépaysés : problèmes d’affichage, de clipping et bugs dit « du trou noir » -sans raison particulière, votre personnage chute subitement comme s’il y avait un trou dans le décor- sont légions dans Redguard. Parfois, l’affichage disjoncte subitement sur la version VF (version testée). Les dialogues illisibles et les problèmes de niveau de son constatés ici et là enrayent parfois la bonne compréhension de l’histoire.
A cela s’ajoute un contrôle et une maniabilité du héros quasi-rédhibitoire (clavier ou joystick/clavier). A tel point que les épreuves d’habileté tournent rapidement au cauchemar. Pas toutes certes, mais globalement, il faudra pas trop compter sur la précision. Ça relève plus du hasard voyez… Enervant.
Idem pour les combats à l’épée : on ne sait pas trop bien ce qu’on vise et lorsque, de surcroît, l’angle caméra fait des siennes c’est le chaos absolu. Le joueur peut néanmoins chercher le bon réglage dans les options mais avouez que c’est pénible d’en passer par là. A revoir également : l’interface du jeu, trop vieillotte et embrouillée.

Bethesda se lance dans un nouveau genre et c’est une bonne nouvelle finalement. Seulement il va falloir pallier à toutes ces lacunes techniques dès la prochaine production pour réussir à convaincre les nouveaux venus dans le monde d’Elder Scrolls. Pour tout dire, il faut être sacrément courageux pour poursuivre longtemps l’aventure dans ces conditions. C’est d’autant plus regrettable que Redguard n’est pas avare de lieux, de découvertes et d’intrigues saisissantes, mais les verrez-vous ?