Avec Ready 2 rumble on pensait tenir un des premiers titres phares de la Dreamcast (puisque les autres sont, en grande majorité, repoussés aux Calendes nippones). Midway, spécialiste ricain de la frite virtuelle –Mortal kombat– tentait de redorer son blason avec un jeu de boxe anglaise, genre éclipsé par la baston gratuitement spectaculaire (Soul calibur, dernier exemple en date). Pour essayer de combler ce retard, les développeurs ont décidé de jouer la carte loufoque. Le tout saupoudré d’une spécialité maison : l’arcade. Les bougres connaissaient particulièrement bien leur marché : R2R est l’une des raisons du succès fulgurant de la console Sega aux Etats-Unis. Hélas (mais bien heureusement en fait), le marché américain ne correspond pas encore tout à fait au nôtre.

C’est vrai, on peut difficilement nier l’excellence technique du jeu. En revanche, il y a de quoi douter quant à sa durée de vie. Clairement, vous allez en prendre plein la gueule (au propre comme au figuré). Au bout de trente secondes vous voyez sur la face qui vous représente le déroulement en direct du combat : plus le match est mal barré, plus vous tirez la tronche. Les gnons en temps réel ! Autant vous prévenir que les lèvres se gonflent et les paumettes se tuméfient à toute vitesse. Les caméras paramétrables vous offrent plusieurs types de vues, mais restons sobre, la vue latérale classique fera bien l’affaire. Surtout, elle permettra de mieux profiter du jeu. Bien que la difficulté du jeu soit si peu élevée -notamment en mode « arcade »- qu’on pourrait presque chercher volontairement les angles injouables !

Reste le mode championnat, qui vaut davantage le coup, le nombre de combats avant d’affronter le boucher en titre est assez important. Pour y arriver, vous ne devez pas seulement vous battre mais aussi jouer le bookmaker. L’option combat truqué n’a pas été prévue. Mais pourquoi gagner 2000 malheureux petits billets verts me direz-vous ? Tout simplement parce que même les professionnels doivent payer de leur poche les entraînements. Pour prendre un peu de puissance et de vitesse (dommage que les boxeurs ne changent pas de format au fur et à mesure de leurs exercices) il faut passer sur le banc de muscu, au puching-ball, à l’infusion médicamenteuse à la limite de la légalité… Ensuite, vous pouvez malmener vos adversaires. Pour l’endurance, pas besoin de faire un tour par l’armoire à pharmacie. Les combats ne durent rarement plus de trois rounds. C’est d’autant plus frustrant que les combattants possèdent pratiquement tous les mêmes coups. Nous revoilà revenus au problème de la boxe anglaise. Bien sûr si vous êtes adeptes du jeu en groupe, R2R promet quelques bons délires grâce à son look parodique (un match entre un maigrelet tout droit sorti du pire film de Blaxploitation contre un sumo de 250 kilos, c’est assez inédit pour être savouré). Mais passée la surprise, R2R montre vite ses faiblesses. Pour compenser, une seule solution : Soul calibur !