On regrette souvent le manque d’imagination des éditeurs. Rien d’exagéré là-dedans puisque le jeu vidéo souffre, plus qu’ailleurs encore, d’une vilaine pratique bien trop répandue en ce bas monde : le repompage éhonté. Les recettes -surtout les bonnes allègrement clonées sans aucune espèce de gêne (de respect ?) ni envers les créateurs, ni envers le public- sont certes améliorées, mais les concepts sont régulièrement calqués les uns sur les autres. D’où la joie de voir débarquer de temps en temps des softs originaux, du jamais vu quoi ! Re-Volt est de ceux-là. Certes, vous allez me dire qu’on a fait plus novateur qu’une course de bolides ces dernières années. Ok, mais une course de voitures radiocommandées, on vous l’a déjà faite celle-là ?

Toy Volt, fabriquant de jouets à succès dans le monde entier, fait des miracles. Les ingénieurs et concepteurs de la boîte sont à ce point efficaces qu’ils ont pour ainsi dire donné la vie au dernier produit maison : toute une gamme de voitures radiocommandées donc. Les bolides, sortis de l’usine et du carton, filent en douce et s’éparpillent dans la ville pour s’adonner à des courses de folie partout où le jeu s’y prête. Bien, on fera pas gaffe au scénario, d’accord ? Le principal étant de pouvoir prendre les commandes du dit jouet pour constater l’excellence du résultat. Non seulement le contrôle des voitures est simplissime (les flèches de direction au clavier, mais préférez le joypad ou le joystick), mais c’est en plus d’une fluidité redoutable. Difficile à croire, peut-être, mais on retrouve bien ici le comportement si particulier de nos 4 roues radiocommandées d’antan. Parce que les engins sont légers, ça décolle vite et ça dérape facilement. Pour preuve, les nombreuses traces de pneu laissées sur le tracé en fin de courses. Dans le genre détails graphiques qui tuent, ne manquez pas de reluquer les décors, ils en fourmillent (hallucinant ces effets de reflets sur le parquet du magasin de jouet ou dans le supermarché !). Les voitures, électriques ou à essence, sont elles aussi de toutes beauté. Avoir affaire à des miniatures n’a pas empêché les concepteurs de pousser loin les détails : remarquez la pile sous les engins électriques et voyez l’antenne comme elle se dandine drôlement bien dans les virages… Dans les cartons, vous attendent donc une série d’engins à moteur dont les performances dépendent de quatre caractéristiques : la vitesse, l’accélération, l’adhérence et le poids (qui joue sur l’accélération et l’adhérence du véhicule bien entendu). Moins déterminante ici, la transmission est toutefois un autre facteur à prendre en compte : quatre roues motrices, traction avant, traction arrière. Au choix, mais sachez que les pneus adhèrent plus ou moins bien aux différents types de surfaces empruntées. Optez pour une solution intermédiaire car il est malheureusement impossible de changer de véhicule en court de championnat.

Sûr que de vieux rêves de gosses vont enfin se concrétiser. Admettez que les rayons d’un supermarché, les allées d’un musée ou encore le pont d’un bateau de croisière soient des surfaces particulièrement adéquates à la pratique. C’est précisément le genre de folies tout à fait envisageables dans Re-Volt. Obligatoires en fait puisque c’est ici, entre autres (on testera aussi le magasin de jouet, la ville fantôme, le parc floral, etc.), que se déroulent les courses. Pour couronner le tout, les parcours sont parsemés de bonus aux effets incroyables et néfastes pour vos concurrents, si vous les attrapez. Du genre : les fusées de feu d’artifice à tête chercheuse, l’arc électrique qui pompe le courant des adversaires les plus proches, la classique flaque d’huile, les bombes à eau, la boule de bowling… Le turbo, lui, augmente votre vitesse de 10% pendant quelques secondes, histoire de revenir ou de rester au moins à la 3e place pour disputer l’étape suivante en mode championnat. Autres modes : la course unique, le contre la montre et la séquence cascades (looping et autres joyeusetés). Re-Volt requiert assez peu d’entraînement du fait de son excellente prise en main. En revanche, les adversaires sont coriaces et il n’est pas totalement inutile d’entamer le jeu en niveau débutant (Junior RC). La vitesse est ralentie, certes, les concurrents sont moins réactifs, mais on a le temps de bien saisir les subtilités d’une bonne conduite… Avant d’opter pour le niveau « simulation », difficile.

Dans le genre points noirs qui pourraient entacher la durée de vie de Re-Volt, on peut regretter que, tant qu’à faire dans le burlesque, les concepteurs n’en aient pas rajouté une couche dans les jouets/obstacles à effets rigolos qui parsèment les circuits. Quoi d’autre ? Il faudra persévérer longtemps avant de découvrir de nouveaux parcours et de nouvelles voitures, mais de ce point de vue, le jeu n’est finalement pas assez généreux (sachant que la surprise tourne parfois court lorsqu’en guise de nouveaux circuits on nous ressert du vieux en mode « miroir » ou « inversé »). Idem s’agissant des raccourcis et autres itinéraires bis. Dernières taches dans ce tableau quasi idyllique, les temps de chargement entre les courses et les retours menu sont un peu longuets…

Trêves de chipotage, Re-volt, « le jeu électriquement incorrect » dixit le dossier de presse, ne laissera aucun joueur indifférent. De grands moments ludiques en perspective… notamment sur la Toile !
Un dernier mot : une fois n’est pas coutume, ce jeu ne sert aucunement à relancer un illustre jouet un tantinet démodé pour lui concéder une nouvelle vie dans le virtuel, genre Playmobils ou Légo voyez… Toy-Volt, pure invention figurez-vous. Réjouissant tout ça.