Marrant comme tous ces sim-like, véritables rejetons vidéoludiques du capitalisme eighties, amusent la galerie. Pizza connection 2 nous vient d’Allemagne, mais peu importe la provenance puisque cette mixture-culture de masse qui fait de la pizza une spécialité autant italienne qu’allemande est entendue, et complètement digérée. Ici, remplacez la pizza par un avion (Airlines tycoon), un parc d’attraction (Theme park), un club de foot (L’Entraîneur), une ville (Sim city) ou un boeuf US (Les Sims) et vous obtenez la sempiternelle formule de la bonne vieille simulation économique micro. Dans tous les cas de figure, les objectifs, les moyens et la finalité sont identiques.

En version accélérée, voici ce que ça donne : parti de rien, avec un bon petit pécule en poche tout de même, vous vous lancez dans le business de la pizza, bien décidé à balayer toute espèce de concurrent implanté dans le secteur. Première tâche : louer un local, si possible dans un lieu de grande affluence (centre-ville, à proximité de la gare, d’une bouche de métro, d’un cinoche bien fréquenté, etc.), pour y monter son premier resto. Pas terrible la déco de base, engagez vite un spécialiste (1, 2 ou 3 étoiles, selon votre budget). Déjà, à ce stade, l’essentielle question de la cible doit être prise en considération. Vous voyez-vous plutôt à la tête d’un resto dernier chic, d’une cantoche branchouille à bobos ou d’un fast-food popu ? Rassurez-vous, par la suite, on peut varier les plaisirs et tenter les combinaisons les plus douteuses en multipliant les enseignes dans la ville (Londres, Berlin… mais quelle différence ?!). Important également : la performance des employés recrutés à la mairie. Engagez les meilleurs cuisiniers, serveurs, livreurs, managers et vigiles. Tous au poste et tous à mi-temps, faut que ça tourne pour couvrir la journée comme la nuit. Le bon peuple a ses petits creux à toute heure, pas question de louper une seule commande.
Reste à concevoir vos pizzas : savants mixes entre respect des habitudes des consommateurs et originalité des recettes pour se distinguer de la concurrence (grand choix de substances sucrées ou salées ici). N’oubliez pas que la carte forge elle aussi votre image…

Comme chez ses confrères, Pizza connection 2 offre un paquet d’options pour briser tout net l’expansion des compagnies rivales : dénonciation à l’inspection du travail, au contrôle de l’hygiène, corruption ou débauche en masse des employés. Pour faire désordre et effrayer le bourgeois, postez un punk à l’entrée des restos concurrents, faites livrer par porteur un rat ou des cafards malencontreusement lâchés au beau milieu de la clientèle. Plus tard, lorsque votre QG aura atteint un certain niveau, vous pourrez faire appel à des raquetteurs, flingueurs et autres casseurs pour calmer définitivement les entrepreneurs ambitieux. Dans le même temps, n’oubliez pas d’arroser goulûment la flicaille locale, ainsi que le maire, toujours prêt à offrir ses faveurs à l’entrepreneur reconnaissant.

Bilan des courses : on s’amuse, pas longtemps. Car le système repose encore une fois sur de vieux clichés marketing. Ainsi, pas de secret : puisque Pizza connection 2 respecte scrupuleusement la basique et grossière loi du marché, la radicalité des catégorisations économico-sociales, pour empocher les millions, visez le centre, la moyenne, le grand public ! Mijotez les pizzas les plus communes, optez pour les ambiances les plus consensuelles. Forcément, si l’on s’en tient à jouer les fédérateurs, ça limite la difficulté. Au bout du compte, le chiffre d’affaires enfle à vu d’œil, mais à la même allure le gameplay s’estompe. Certes, le genre n’a jamais fait dans la nuance car nos machines ne sont toujours pas dotées de cerveau. Imaginez qu’en plus nos éditeurs, eux, n’aient plus aujourd’hui aucune inspiration… Aïe.