Dans le genre shoots qui tâchent, Painkiller ne fait pas dans la dentelle. On ne l’avait pas vraiment vu venir, à tel point que le jeu de People Can Fly nous saute aujourd’hui véritablement à la gueule avec ses hordes de créatures hostiles déjà bien esquintées qui peuplent l’enfer. L’enfer, une phase test post-mortem -vous venez de succomber à un accident de voiture- à laquelle il faut survivre pour purifier votre âme et espérer connaître les douceurs du paradis. On avait presque oublié, depuis le temps que les éditeurs se penchent sur la question du FPS tactique, ou mâtiné d’une bonne dose d’infiltration, les propriétés salvatrice du shoot bourrin. Car les membres du studio polonais PCF ne cache pas leur influence : Painkiller s’inspire autant des exactions en chaîne gothico-gore de Quake, de l’ambiance mystico-satanique de Clive Barker’s undying que de Serious Sam pour l’aspect carnage intégral.

L’affaire aurait pu tourner à l’hommage anecdotique si le jeu n’avait pas bénéficié d’une réalisation remarquable (moteur, graphisme, ambiances sonores et soupe métal de circonstance) et d’une étonnante variété de décors brinquebalants à remodeler sans modération à coup de roquettes. Painkiller ne brille pas, en revanche, dans le choix des armes. Cinq modèles seulement, mais tous savamment étudiés pour renvoyer comme il faut les lascars de Lucifer ad Patres. Parmi ceux-ci, on retiendra surtout le lance-pieux, idéal pour planter l’ennemi au mur, voire, pour les plus habiles, pour épingler ensemble deux zombies trop entreprenants. Mais le point fort du jeu réside dans la diversité du bestiaire : on découvre sans arrêt, jusqu’à la phase finale de cette succulente mission rédemption, de nouvelles créatures -des banshees et leur fameux cris stridents aux commandos masos insensibles à la plupart des armes. Le clou du spectacle étant assuré par les coriaces généraux de Satan, boss de fins de niveaux aux proportions démesurées sur lesquels on liquidera généralement toutes ses munitions. Pour les plus téméraires, on notera la possibilité d’achever chaque niveau avec une contrainte particulière (tuer tous les ennemis au lance-pieux, ne jamais utiliser d’armure, etc). Si celle-ci est respectée, vous obtenez une carte de tarot capable d’offrir de nouveaux pouvoirs et compétences spéciales à tester dans les prochaines missions.

Forcément, on se lasse un peu parfois de décimer sans relâche des hordes de soldats squelettes qui apparaissent les unes derrière les autres, d’autant que le jeu de PCF a un peu trop tendance à privilégier l’antédiluvienne disposition symétrique -un osseux à droite, un osseux à gauche-, et se révèle donc bien souvent trop prévisible. Disons que si l’intention des concepteurs était de faire du neuf avec du vieux, l’objectif est atteint : Painkiller constitue même sans aucun doute la meilleure remise à niveau actuelle du Doom-like à l’état pur qu’on est ravi, pour le coup, de voir ressuscité.