Il faut un début à tout : Medal of honor fut le premier shooter exclusif de la PlayStation (la version PC n’est sortie que bien plus tard) et devint l’instigateur du genre « FPS World War II ». Le parti-pris est simple : faire revivre au joueur les grandes batailles et les événements marquants de la Deuxième Guerre mondiale. La méthode pour y parvenir est tout aussi basique : une succession de niveaux linéaires, bourrés de scripts spectaculaires. Cette volonté de reproduire l’intensité de la guerre avec le maximum d’authenticité a malheureusement un prix : chaque joueur vit exactement la même expérience. Certains co-équipiers ne pourront jamais être sauvés, certaines portes resteront toujours désespérément closes, quelle que soit la situation, chaque niveau ne pourra être franchi que d’une seule manière, celle prévue par les développeurs. Dans le genre « no brainer », on peut difficilement faire mieux qu’un FPS WWII. Malgré ses limites, le genre a connu un succès immédiat. Medal of honor est devenu un rendez-vous quasi-annuel et à donné naissance à de nombreux clones dont les plus importants sont les Call of duty, copies tellement carbones qu’il serait impossible de les différencier sans avoir la jaquette sous les yeux. Après huit épisodes bâtis sur un modèle similaire, la série d’EA avait besoin d’évoluer coûte que coûte sous peine de voir son potentiel commercial, déjà amoindri, disparaître complètement.

Airborne, premier épisode next-gen de la série, est l’occasion idéale de concrétiser la mise en place d’un changement d’optique qu’il affirme d’ailleurs haut et fort en proposant au joueur une plus grande liberté théorique. Le fait d’incarner un parachutiste permet en effet de débuter un niveau à partir de n’importe quel point de la map. Aterrir au beau milieu de la machine de guerre allemande et prendre le risque de finir en pâtée pour chien, ou bien jouer la sécurité et se poser dans une safe zone, histoire de progresser comme on le souhaite pour remplir ses objectifs dans n’importe quel ordre. De fait, le premier contact déroute, surtout si l’on est un habitué de la série : difficile de croire que l’on joue bien à Medal of honor. D’autant qu’il prend une distance bienvenue avec le réalisme inhérent au genre : le joueur peut upgrader et customiser son arsenal, devra affronter des Nazi elite storm – une variante WWII franchement délirante des fameux StormTroopers de Star wars -, parfois dans des environnements complètement fictifs où le souci du level-design prend le pas sur la crédibilité historique.

Si Airborne fait enfin respirer la série et s’impose comme un de ses meilleurs représentants, il ne parvient pas tout à fait à rivaliser pas avec les FPS les plus importants, la faute à certains défauts rédhibitoires : ennemis globalement stupides, mais capables de vous shooter à plusieurs kilomètres de distance grâce à une vision bionique qui annihile toute tentative d’approche discrète. Un choix incompréhensible, d’autant que le level-design encourage explicitement la furtivité. Cette contradiction met à mal en partie la liberté qu’autorise, en théorie, le jeu d’Electronic Arts et contraint le joueur à foncer bille en tête dans des combats confus et passablement lassants. Ne reste donc qu’un jeu au déroulement rapide, ne nécessitant pas un gros investissement, une vision plus fantaisiste de la Deuxième Guerre mondiale qui minimise l’aspect réaliste parfois un peu plombant de la licence, et rend l’aventure un poil plus amusante. Airborne rate en partie son grand saut, mais peut se vanter d’avoir fait un petit pas dans la bonne direction. C’est déjà ça.